Afrique Centrale: Présumé départ de mercenaires de Wagner - Quelles conséquences pour la RCA ?

Le tremblement de terre consécutif à la mutinerie avortée du patron de la société paramilitaire privée russe, Wagner, des 23 et 24 juin derniers, a-t-il eu des répliques en Afrique ? En effet, même si Moscou s'est voulu rassurante en déclarant que Wagner poursuivrait ses activités au Mali et en République centrafricaine (RCA), force est de constater que le coup de force du mercenaire en chef qu'est Evgueni Prigojine, ne sera pas sans conséquences.

Certes, la tension est manifestement retombée à Moscou au terme d'un accord dont les détails sont inconnus entre le président Vladmir Poutine et son ancien chef cuisinier. Mais tout porte à croire qu'il se trame quelque chose.

Le maître du Kremblin ayant vu son honneur et son autorité bafoués, il y a fort à parier qu'il ne restera pas les bras croisés. Sans doute met-il les bouchées doubles pour reprendre la main sur ce monstre qu'il a lui-même créé et qui tente désormais d'échapper à son contrôle.

C'est dans ce sens que plusieurs mercenaires au nombre de 600, déployés en RCA, ont été, dit-on, sommés de rentrer à Moscou aux fins de faire allégeance et réaffirmer leur loyauté aux autorités russes. S'agit-il d'une stratégie, pour Poutine, de travailler à réduire la voilure et de sceller le sort de Wagner ?

La question mérite d'être posée dans la mesure où depuis le coup de sang des 23 et 24 juin 2023, Moscou, pour parer à toute éventualité, propose à certains mercenaires de choisir entre le retour à la vie civile et leur incorporation dans l'armée russe. Ce qui fait dire à bien des observateurs que l'avenir de Wagner est incertain.

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Touadera donne l'impression de ne pas prendre toute la mesure de la situation

Le Mali et la RCA gagneraient donc à se préparer à cette éventualité au risque de se laisser surprendre par les événements. Pouvait-il en être autrement quand des Etats qui se disent souverains, font le choix de sous-traiter leur sécurité et leur défense ? Assurément, non ! Car, comme le dit l'adage, « celui qui dort sur la natte d'autrui, dort à terre ». Tôt ou tard, l'intéressé, pour une raison ou pour une autre, finira par réclamer « sa chose ».

C'est pourquoi, plutôt que de s'employer à démentir le départ des mercenaires de Wagner, les autorités centrafricaines feraient mieux de voir la réalité en face en appelant d'autres partenaires au secours pendant qu'il est encore temps. Surtout quand on sait que François Bozizé et ses spadassins sont aux aguets et n'attendent que la moindre occasion pour descendre sur Bangui et porter l'estocade au régime de Faustin Archange-Touadéra.

Malheureusement, ce dernier, préoccupé par son référendum constitutionnel qui lui ouvrira la voie à un troisième mandat, donne l'impression de ne pas prendre toute la mesure de la situation au point qu'il fait montre d'une candeur coupable quand il ne tente tout simplement de nier l'évidence.

Il oublie ou feint d'oublier qu'en matière de relations internationales, les positions des uns et des autres évoluent en fonction de leurs intérêts. Si bien qu'il faut se garder de faire totalement confiance à un partenaire, aussi puissant soit-il.

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