En marge de l'atelier régional de partage d'informations et d'expériences sur « les services écosystémiques des forêts et des arbres pour la résilience socio-écologique au changement climatique en Afrique », le Forum forestier africain (AFF), a organisé une table-ronde avec les médias les 4 et 5 juillet 2023, à Nairobi, au Kenya. L'activité a permis aux journalistes d'échanger avec des experts sur les enjeux du secteur forestier africain.
Le Forum forestier africain (AFF) veut contribuer à renforcer les capacités des journalistes afin de leur permettre de jouer efficacement leur rôle dans l'interpellation et la sensibilisation des différentes parties prenantes du secteur forestier Africain pour une gestion durable des forêts dans un contexte de changement climatique. A cet effet, à l'occasion de l'atelier régional de partages d'informations et d'expériences sur « les services écosystémiques des forêts et des arbres pour la résilience socio-écologique au changement climatique en Afrique », AFF a organisé une table-ronde-ronde avec les médias sur la thématique, les 4 et 5 juillet 2023, à Nairobi, au Kenya.
La rencontre a réuni des journalistes burkinabè, camerounais, kenyans et sud-africains et des experts de la foresterie et du changement climatique de divers pays d'Afrique.
Selon la Cheffe de l'unité de gestion des connaissances et de communication de AFF, Daphine Gitonga, ce cadre d'échanges vise à renforcer la capacité des journalistes scientifiques à mieux comprendre et à rendre compte efficacement de la manière dont les forêts peuvent renforcer la résilience au changement climatique ainsi que les actions politiques et techniques pouvant améliorer l'efficacité des chaînes de valeur du bois de scierie en Afrique. Il a également pour objectif de partager les résultats obtenus par l'AFF au cours des deux dernières années sur les impacts du changement climatique et les mesures de résilience, l'efficacité des chaînes de valeur du bois de scierie et de mettre en relations le panel d'experts et les médias et constituer un pool de journalistes dédiés à la couverture efficace des thématiques de la foresterie dans un contexte de changement climatique en Afrique, a-t-elle ajouté.
Les discussions entre hommes et femmes de médias et scientifiques de la foresterie africaine et du changement climatique ont porté sur quatre sous-thèmes.
Une niche de création de richesses, mais...
Il s'agit de « l'état des lieux de l'industrie du bois de scierie et du commerce des produits du bois scié en Afrique », « concilier les exigences et l'efficacité des chaînes de valeur du bois de scierie », « potentiel des services écosystémiques forestiers pour la résilience au changement climatique en Afrique » et « actions politiques et de plaidoyer pour soutenir la gestion durable des ressources forestières sur le continent dans le contexte du changement climatique ».
Répondant aux journalistes, les experts ont indiqué que l'industrie africaine du bois a le potentiel pour répondre aux besoins du continent et constitue une véritable niche de création d'emplois et de richesses pour l'Afrique.
Cependant, elle est caractérisée, entre autres, par une faible performance liée aux contraintes financières et institutionnelles, une règlementation inadéquate ou insuffisamment mise en oeuvre, une exploitation illégale et non durable des ressources forestières, la faible part de la transformation locale, la présence d'acteurs informels, la faiblesse des investissements dans le secteur.
Pour tirer le meilleur parti de son industrie forestière, l'Afrique doit relever le défi du renforcement des capacités des acteurs, du financement conséquent, de l'implication du secteur privé et des communautés locales et de l'amélioration de la gouvernance du secteur.
Sur la question du potentiel des services écosystémiques forestiers pour la résilience au changement climatique en Afrique, il est ressorti que les forêts africaines offrent d'énormes services aux populations. Les experts ont cité, entre autres, les services d'approvisionnement en produits directs tels que le bois, les produits forestiers non ligneux ; les services de régulation qui incluent l'atténuation des effets négatifs du climat à travers la séquestration du carbone, la purification de l'air, la protection des ressources hydriques, la maitrise des inondations. Sans oublier les services écosystémiques de soutien comme la formation du sol, la production primaire, le cycle de l'eau, etc. et les services socioculturels tels que l'écotourisme, les activités cultuelles ou rituelles à l'intérieur des réserves forestières.
Plaidoyer pour des politiques publiques pertinentes
Malgré ce soutien majeur à la résilience des populations, les services écosystémiques du secteur forestier africain sont confrontés à une menace réelle, liée à la pression démographique, à l'agriculture, à la pauvreté, aux perturbations des écosystèmes forestiers par les feux de brousse qui affectent 29% des forêts africaines selon la FAO (2020), mais aussi aux effets du changement climatique.
« Mais la première menace est liée à la déforestation qui prend de l'ampleur d'année en année. De 2015 à 2020, l'Afrique a perdu 4,41 millions d'hectares de forêts (FAO, 2020). Et selon les prévisions, si rien n'est fait, le continent pourrait perdre 289 millions d'hectares de forêts d'ici 2050, ce qui représenterait 169 giga tonnes de CO2 émis dans l'atmosphère », a indiqué Pr Marie-Louise Avana-Tientcheu.
Face à ces menaces, il y a urgence de mener le plaidoyer auprès des gouvernants africains pour l'élaboration et la mise en oeuvre de politiques publiques pertinentes prenant en compte les solutions aux principales menaces qui entravent la gestion durable des ressources forestières et arboricoles sur le continent.
Cette initiative de la table-ronde, que AFF organise depuis 2016, est bien appréciée par les professionnels de l'information qui ont souhaité la voir se poursuivre.
«Nous avons eu droit à une table-ronde très instructive. Comme vous le savez, les journalistes ont des difficultés d'accès aux données, aux informations. Cet atelier nous a permis d'échanger directement avec des experts en matière de foresterie et d'améliorer nos connaissances. Je félicite AFF qui oeuvre dans le renforcement des capacités des acteurs. Pour mener à bien leur travail, les journalistes ont besoin d'améliorer leurs connaissances sur le changement climatique et l'environnement », a confié le journaliste camerounais membre de Pan African Media Alliance for Climate Change (PAMACC), Ntungwe Ngalame Elias.
Le secrétaire exécutif de AFF, Pr Godwin Kowero, a salué la tenue de cette table-ronde qui constitue une importante opportunité pour AFF d'interagir avec les médias sur les enjeux des services écosystémiques et de l'industrie forestière africaine.