Au Gabon, à moins de deux mois de la présidentielle, l'opposition enregistre une nouvelle candidature. Dimanche 9 juillet, à l'issue d'un congrès extraordinaire de son parti, l'économiste Alexandre Barro Chambrier a été choisi pour représenter le Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) au scrutin du 26 août. L'ancien ministre, proche du pouvoir par le passé, est monté au créneau dès sa nomination.
Devant ses partisans, Alexandre Barro Chambrier a tenu un discours d'investiture résolument offensif à l'égard du pouvoir. Ancien ministre du Pétrole notamment, l'ex-économiste de 65 ans, passé à l'opposition en 2016, n'a pas retenu ses coups :
« Aujourd'hui, après ces 14 longues années de gouvernance, c'est un Gabon déchiré, pillé, endetté et appauvri que nous avons sous nos yeux. Le résumé du bilan du régime actuel est le suivant : zéro plus zéro égal zéro ! »
Sa candidature n'est pas une surprise car voilà des mois qu'Alexandre Barro Chambrier sillonne le pays, ne manquant jamais une occasion de critiquer le président Bongo, tout en appelant les Gabonais à voter pour l'alternance.
Le scrutin sera à un tour. Et face à Ali Bongo, qui a officialisé sa candidature également dimanche, l'opposition devra s'unir. Poids lourd de la politique gabonaise, Alexandre Barro Chambrier espère faire l'unanimité et rassembler autour de lui :
« Je suis prêt à relever le défi pour au moins trois raisons. D'abord, parce que j'ai réalisé que ce régime est devenu incapable de se réformer. Ensuite, conformément à mes valeurs et à mes principes patriotiques, je suis resté déterminé et loyal vis-à-vis du peuple gabonais. Enfin, mon coeur et ma conscience ne connaîtront pas la paix tant que mes frères et soeurs rencontrés aux quatre coins de notre pays seront dans la souffrance. »
Issu d'une famille influente du Gabon, Alexandre Barro Chambrier est l'arrière-petit fils du roi Denis Rapontchombo, et aussi le fils de Marcel Eloi Chambrier, premier pédiatre gabonais et ancien président de l'Assemblée sous Omar Bongo. Un passé qui lui donne du prestige, même si certains critiquent son ancienne proximité avec le régime. Dimanche, à ceux qui lui reprochent d'être « né avec une cuillère en or dans la bouche », il a répondu que tout ce qu'il a obtenu, c'est « par le travail et l'effort ».
Si en 2016, il s'était rangé derrière Jean Ping, Alexandre Barro Chambrier estime que son heure est venue. Pour cela, il devra convaincre les autres opposants de se ranger derrière lui. « Nos adversaires redoutent cette dynamique et font tout pour nous diviser. Faisons preuve de dépassement de soi, d'union sacrificielle pour atteindre notre objectif », a-t-il déclaré devant ses partisans.