À Madagascar, la galerie d'art contemporain « Hakanto Contemporary » propose, depuis samedi 8 juillet, sa nouvelle exposition dédiée au « lamba », tissu local considéré aujourd'hui comme un passeport identitaire malgache, et offre, grâce à la collaboration de 21 artistes, un nouvel éclairage sur cet objet du quotidien.
Le « lamba » ou « tissu », en français, accompagne les habitants de la Grande Île de leur naissance à leur mort. Une pièce de textile au poids identitaire et culturel immense dans lequel on naît, que l'on porte durant toute sa vie et avec lequel on meurt puisque l'on est enterré avec lui, au tombeau.
Dans cette exposition intitulée « Lamba forever mandrakizay », les oeuvres de grands maîtres disparus dialoguent avec celles de la nouvelle génération, comme ce lamba imposant, en laine blanche, de 2 mètres sur 4 qui a fait sensation, samedi soir, intitulé « Ny Hendry no anarina fa ny adala no manary lamba ».
Il a été conçu spécialement pour l'exposition par la jeune artiste Sandra Ramiliarisoa : « Ce n'est pas du coton, c'est une laine de plastique, fabriquée à partir de tubes de médicaments collectés puis transformés en fils et tissés sur un métier à tisser. Je suis très heureuse qu'on m'ait donné l'opportunité d'exposer ici et fière de voir mon nom inscrit à côté de mon oeuvre ».
Aux côtés des lamba traditionnels emblématiques, peints ou photographiés, s'ajoutent donc des versions modernes, recyclées ou suggérées.
Un parti pris assumé par le commissaire Joël Andrianomearisoa, qui espère ainsi pousser le visiteur à la réflexion : « J'invite des artistes contemporains, assez jeunes, à tordre ce rapport identitaire pour ramener ce lamba, très malgache, vers ce qu'on pourrait l'international. Donc, du côté identitaire identifié vers le non identifié, l'universel. C'est la mémoire qui est importante. »
Autre élément intéressant, rappelle Joël Andrianomearisoa, c'est qu'en malgache, pour une nappe de table, une serpillère ou un pagne, le terme employé est toujours le même : lamba.
« Donc, le lamba, c'est tout et rien à la fois. Mais ce n'est pas du tout négatif de dire que le lamba, c'est tout et c'est rien parce qu'en fait, on parle de l'âme, pas de la matérialité, mais de l'émotion et de l'usage. Par ailleurs, il peut être fait en différentes matières. La soie des linceuls a été remplacée par du tissu de verre, du pur polyester importé. Donc, est-ce que c'est la dénomination aujourd'hui qui est plus intéressante ou est-ce que c'est la matérialité justement ? La question, elle est là. »
L'exposition, gratuite, est à voir jusqu'au 18 novembre.