La rupture de stock de certains médicaments dans les pharmacies demeure toujours un problème. Qui s'aggrave qui plus est, selon des pharmaciens. Ceux contre la grippe, les pilules contraceptives, les traitements pour les maladies chroniques comme l'hypertension, entre autres sont devenus des denrées rares.
Une étude effectuée par le groupe pharmaceutique de l'Union européenne (UE) soutient que 100 % des 29 pays membres ont déclaré une pénurie de certains médicaments et que 76 % trouvaient cette pénurie pire qu'en 2021. Selon le World Economic Forum, la guerre en Ukraine et les prix élevés de l'énergie continuent d'impacter les chaînes d'approvisionnement ainsi que d'autres facteurs comme l'augmentation des infections et les réglementations.
Chetah Dookun, président de la Pharmaceutical Association of Mauritius, évoque la situation locale. «Beaucoup de médicaments sont en rupture de stock. Les pharmacies ont un quota et les grossistes n'arrivent pas à s'approvisionner correctement. C'est un problème à la source. Il faut que les autorités agissent car on peut avoir des médicaments d'autres sources.
Le problème de rupture de stock empire et cela a un effet drastique sur le chiffre d'affaires des pharmacies mais aussi et surtout sur la santé des Mauriciens. Il faut un certain volume pour couvrir les frais. Les pharmaciens ne peuvent vendre autre chose que les médicaments. S'il n'y a pas de médicaments, que vont-ils vendre ?» Un importateur soutient qu'il est difficile d'obtenir des médicaments d'Europe et même d'Australie.
«Le problème est à la source même. Quand nous passons la commande, on nous dit qu'il faut attendre. Si nous passons une commande de 2 000 boîtes, nous n'en obtenons que 1 000. Maurice est un petit marché. Sans compter que les prix ont augmenté drastiquement et il faut payer d'avance en cash. Au vu de ces difficultés, la commande n'est passée que pour les trois ou six prochains mois.»
Siddick Khodabaccus, président de l'Union des pharmaciens, répète que la seule solution au problème est «l'importation parallèle. Ce n'est pas une idée fixe. Il faut ouvrir le marché. Il n'est pas possible qu'il y ait le monopole. Les gens recherchent les mêmes marques de médicaments. On peut avoir la même marque d'un pays différent. Même les pays européens font face à des problèmes. Maurice est un marché vulnérable». Il pense qu'un exercice de prévision est nécessaire pour autoriser des acteurs du marché d'importer des médicaments d'autres sources.
Par ailleurs, il estime «nécessaire de sensibiliser le public à l'efficacité des médicaments génériques qui sont aussi bons que les marques référencées» et propose un fast track pour l'enregistrement des médicaments, surtout pour les maladies chroniques, afin d'éviter des pénuries sur le marché. «Comme ce problème dure depuis un moment, le gouvernement aurait dû discuter avec les importateurs sur l'approvisionnement. Nous lançons un appel aux autorités pour remédier à ce problème», soutient Jayen Chellum, secrétaire général de l'Association des consommateurs de l'île Maurice. L'association suit la situation de près.
D'autre part, la vente des produits naturels, tels que tisanes et traitements ayurvédiques, a progressé, observe-t-on. Beaucoup de jeunes se tournent vers ce type de produits. «Il y a une variété de tisanes notamment contre le diabète, le cholestérol, l'asthme», confie Kevin Mootoosamy, tisanier. Son frère, Jay Mootoosamy, qui est dans la vente de produits ayurvédiques, note que certains clients se disent fatigués des «médicaments chimiques» - qui plus est souvent introuvables - et préfèrent se tourner vers Dame Nature.