Le patrimoine esthétique africain, dans ses différentes expressions, se veut le miroir d'un continent "uni par sa culture et fier de sa diversité et de ses immenses ressources culturelles", a affirmé, jeudi à Rabat, Eugène Ébodé, administrateur de la Chaire des littératures et des arts africains relevant de l'Académie du Royaume du Maroc.
Les Africains devraient prendre conscience de cette grande richesse culturelle qui est la leur et qui a longtemps été occultée par une sorte de "réductionnisme historique" hérité de l'ère coloniale, selon lequel l'Afrique était "incapable de conceptualiser et d'inventer un discours sur l'esthétique avec une perspective universaliste", a souligné M. Ébodé à l'ouverture d'un colloque international sur "Considérations sur l'esthétique africaine: de l'écriture à la scène et de l'image au design".
C'est dans l'objectif de briser les clichés sur le patrimoine esthétique et culturel africain que la Chaire des littératures et des arts africains a été créée par l'Académie, avec une triple mission qui consiste à oeuvrer pour le décloisonnement, la valorisation et la circulation du patrimoine culturel africain dans le continent, a poursuivi l'écrivain, chercheur et journaliste camerounais lors de cette conférence inaugurale intitulée "Les marqueurs esthétiques, les héroïnes, la controverse et la scène de l'Histoire".
Présentant la leçon inaugurale du colloque sur le thème "L'Égypte, le goût de la perfection", Gihane Zaki, chercheuse au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de France et membre du laboratoire d'égyptologie de l'Université de Paris-Sorbonne, a donné un aperçu sur la conception et les représentations de la beauté dans l'Egypte antique.
De la religion et la mythologie à l'habillement et l'art de vivre, l'égyptologue a passé en revue, photos et illustrations à l'appui, les différentes manifestations de ce culte de l'esthétique, de l'harmonie et de la perfection chez les Egyptiens du temps des Pharaons.
En marge de cette cérémonie d'ouverture, le secrétaire perpétuel de l'Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri, a remis une distinction à Véronique Tadjo, écrivaine, artiste et professeure franco-ivoirienne, en reconnaissance de sa contribution au rayonnement de la littérature africaine dans le monde. Ce colloque international de deux jours s'inscrit dans le cadre des activités de la Chaire des littératures et des arts africains, créée à l'initiative de l'Académie du Royaume du Maroc en mai 2022.
Une palette d'écrivains, artistes, intellectuels et chercheurs en histoire et philosophie de l'art du Maroc, d'Afrique et d'Europe, prennent part aux débats ponctuant les deux jours de ce colloque, autour des thèmes "L'art nègre ? Connais pas ! Picasso et l'art africain", "L'hybridité, l'engagement et la révolte", "De l'ancêtre en particulier aux figures africaines de référence en général" et "Formes, rythmes, textes et autres esquisses sur la beauté".