Congo-Kinshasa: Vie des partis - Le Conadé réclame la décrispation de la vie politique

Le président du parti Conservateurs de la nature et démocrates (Conadé), Moïse Moni Della Idi, appelle à « la décrispation avant les élections » et prévient le chef de l'Etat, Félix-Antoine Tshisekedi, de la nécessité de la réconciliation nationale qui est dans les gênes des Congolais, à la veille de ce grand rendez-vous politique et historique.

Moïse Moni Della Idi estime que la libération des prisonniers politiques et l'inclusivité sont des préalables à l'organisation des élections. Pour lui, ces prémisses dépassent largement le cadre de concertation initié par le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) qui, selon lui, est dans l'incapacité d'organiser les élections crédibles et inclusives dans le délai constitutionnel. « Il est injuste, inadmissible et inconcevable d'organiser les élections en excluant la population d'une bonne partie du territoire de notre pays (Nord-Kivu et Maï- Ndombe) et certains acteurs majeurs de la vie politique comme Mike Mukebayi, Kabund a Kabund, François Beya, Fortunat Biselele, Salomon Kalonda Della, Franck Diongo, etc. », a souligné Moni Della, dans un appel au président de la République.

Une jurisprudence fournie

Le président du parti Conadé a rappelé une jurisprudence dans le pays qui date de très longtemps et à laquelle on peut faire référence. Il a noté qu'en 1959, alors que la délégation congolaise, dans sa diversité et sa divergence, se trouvait à Bruxelles pour participer à la table ronde, celle-ci avait exigé, dans un front commun, la libération et la participation de Patrice-Emery Lumumba. « Ce qui fut obtenu de l'administration coloniale belge », a-t-il affirmé. Il a ajouté qu'en 1964, Antoine Gizenga avait été relaxé sur décision du président Mobutu, sorti de la prison de Bulambemba où il était incarcéré, pour participer à la conférence de Luluabourg.

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Le président de Conadé a également fait savoir qu'à la veille de la Conférence nationale souveraine tenue en 1992, les participants avaient exigé la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés. « Le maréchal Mobutu, du haut de son autoritarisme, avait accédé à la demande », s'est-il convaincu, continuant qu'en 2016, à la demande des participants aux assises du centre interdiocésain, sous l'égide de la Conférence épiscopale du Congo, le président Kabila avait accepté la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés qu'ils avaient qualifiés « cas emblématiques ». « C'est dans cette circonstance que Bruno Tshibala, Roger Lumbala et moi-même avions retrouvé la liberté et participé aux élections », a-t-il souligné.

Pour Moise Moni Della Idi, ce rappel historique montre que la décrispation politique, mieux la réconciliation nationale, est dans les gênes des Congolais, dans leur tradition à la veille de grands rendez-vous politiques. C'est aussi, a-t-il insisté, une condition sine qua non pour des élections apaisées. « Comment peut-on expliquer qu'à la veille des élections, quelques acteurs majeurs soient interdits de se déplacer à l'intérieur du pays et subissent toutes sortes de brimades, tracasseries et humiliations ? », s'est-il demandé. Il a motivé son questionnement par certains cas dont celui de Moïse Katumbi qui a été empêché d'effectuer sa tournée dans les provinces de l'ex-Bandundu et au Kongo central, ainsi que celui de l'ancien Premier ministre, Matata Ponyo.

Un fair-play nécessaire

Moïse Moni Della Idi souhaite, en effet, qu'en dépit de toutes les différences et divergences qui caractérisent le peuple congolais et malgré les enjeux à six mois de la compétition, que le fair-play domine les esprits et que les meilleurs gagnent, en respectant scrupuleusement les règles du jeu consignées dans la Constitution et les lois de la République. « Le président de la République, conformément aux pouvoirs que lui confère la Constitution, peut initier la décrispation avant les élections. Mieux, il peut obtenir par la même occasion la réconciliation nationale autour des confessions religieuses avec à leur tête l'Eglise catholique qui a une longue et riche expérience en la matière », a souligné le président du Conadé.

Pour éviter le bidouillage, le tripatouillage et le cafouillage des élections portant les germes de la balkanisation et de la division du pays, il a exhorté le président de la République à écouter la voix de la raison exprimée par une bonne partie du peuple congolais, relayée plusieurs fois par le cardinal Fridolin Ambongo, Mgr N'shole ou encore l'archevêque Fulgence Muteba et à ne pas suivre les chansons des flatteurs, zélateurs, partisans et courtisans qui, à l'instar de ceux de feu Mobutu, étaient les premiers à le renier et le conduire au cimetière politique comme des corbillards. « Et pourtant, ces croque-morts politiques chantaient matin, midi et soir 100 ans to motombele », a-t-il dit. Il a indiqué que ceux-ci avaient même fait croire à Mobutu qu'il venait du ciel, donc immortel. « Et, on connaît la suite. C'est presque les mêmes avec ceux qui ont dit à Kabila "Wumela", "To tondi yo te". Curieusement, ils ont été les premiers à le vilipender », a-t-il poursuivi.

Un homme averti...

A en croire Moïse Moni Della, le président Félix-Antoine Tshisekedi risque de subir le même sort s'il écoute cette catégorie de personnes. « Vaut mieux celui qui te blesse avec la vérité que celui qui te tue avec les mensonges », a-t-il prévenu, ajoutant que le cardinal Malula disait : « Il est préférable d'être crucifié pour avoir dit la vérité que de crucifier la vérité ». Pour lui, « c'est dans cette condition que Félix, fils de Tshisekedi wa Mulumba, père de la démocratie naissante congolaise, écrira une partie de l'histoire de notre pays avec l'encre indélébile et concrétisera le rêve de Lumumba de voir l'Afrique écrire sa belle histoire ».

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