Les plus hautes autorités du pays ont-elles conscience de porter une responsabilité dans un drame de la route ?
Quand on apprend qu'un énième taxi-brousse a versé dans un ravin, conduisant à la mort des passagers qu'il était censé acheminer sur les lieux de leurs vacances, et quand on sait en quel piteux état se trouve nos routes nationales, on ne sait qui incriminer: la compagnie de transport, ou le conducteur ou le Ministère des Travaux Publics en défaut d'entretien normal.
Dans un pays-continent au réseau aérien très dense mais faiblement utilisé, surtout depuis la disparition des Twin-Otter, le taxi-brousse des airs, la route demeure incontournable pour les périples au long-cours. À ce titre, les transporteurs ont une responsabilité particulière dans la sécurité routière: le parc automobile devrait faire l'objet de la même check-list qu'un avion avant décollage; les chauffeurs, outre le basique permis de conduire, seraient sélectionnés sur la base d'un bon quotient intellectuel gage d'un meilleur discernement ; chauffeurs et compagnies seraient contraints de respecter une plage de repos après un certain kilométrage et une certaine durée, indices composites á associer (sachant que 10 kilomètres d'une route nationale particulièrement dégradée peuvent excessivement solliciter l'attention nerveuse d'un conducteur, de ce fait prématurément usé pour le reste du trajet).
Responsabilité particulière des professionnels du transport, et responsabilité fondamentale des Travaux Publics dans la mise à disposition de routes nationales réellement « manara-penitra ». Malheureusement, depuis la Chronique « RN4 : ce n'est plus une route mais un scandale » (6 août 2022), tout est allé de mal en pis. L'attention et la vigilance sont fatalement émoussées après 300 kilomètres. Elles accusent davantage encore de burn-out après 300 kilomètres de slalom incessant entre les milliers de nids-de-poule dont certains pourraient accueillir une couvée d'autruche.
Le véhicule de transport en commun était-il parfaitement entretenu ? Peut-être. Le chauffeur était-il le vrai professionnel auquel les passagers-clients ont confié leur vie ? Peut-être. La route nationale, avec ses signalisations et ses ponts ou son revêtement, était-elle encore une route digne de ce nom ? Certainement pas. À ce titre, les autorités concernées ne peuvent que plaider coupable.