Burkina Faso: Nouvelles modalités d'intervention des agents publics dans les structures privées de santé - Une opération de salubrité publique qui mérite un standing ovation

10 Juillet 2023

C'est une véritable thérapie de choc que le gouvernement tente d'appliquer à la gangrène de l'intervention des agents publics de l'Etat dans les structures privée.

En effet, le Conseil de Ministres, en sa séance hebdomadaire du 6 Juillet 2023, a adopté un décret portant modalités d'intervention des agents publics dans les structures privées de santé. Ce décret permet, comme il ressort dans le compte rendu du Conseil de Ministres, de clarifier les interventions des agents publics de santé dans le secteur privé, de minimiser les conflits d'intérêts, d'améliorer la disponibilité des agents publics dans les structures publiques de santé et d'améliorer l'accès équitable des populations toutes catégories sociales confondues aux service de santé de qualité.

C'est donc un véritable ouf de soulagement pour les malades et leurs accompagnants qui font le plus souvent face par des attentes interminables devant les bureaux des médecins et autres agents de santé dans les hôpitaux et autres centres de santé qui les ont tout simplement désertés pour aller se remplir les poches dans les cliniques privées. Le pire est que certains agents de santé, toute conscience professionnelle bue, n'hésitaient pas à s'ériger en concurrents des centres de santé publics en renvoyant leurs patients dans les structures privées où ils exercent pour bénéficier des soins escomptés quand ils ne refusent pas les résultats d'examens obtenus dans des laboratoires autres que ceux qu'ils ont recommandés et avec lesquels ils entretiennent des relations pour le moins coupables.

C'est donc à ce fléau qui remet en cause le serment d'Hippocrate qu'ils ont tenu au début de leur carrière d'agent de santé que le gouvernement de la Transition s'attaque et on ne peut que l'applaudir à se rompre les doigts dans la mesure où il est dans son rôle de protéger l'intérêt général et surtout de défendre les plus démunis dans une situation quasi de vie ou de mort. Cela dit, l'on peut d'ailleurs s'étonner que l'Ordre des Médecins du Burkina Faso a attendu que le gouvernement le devance sur ce terrain. En effet, l'organisation en Ordre répond au souci premier de garantir l'orthodoxie des pratiques dans des corps métiers qui peuvent constituer un danger pour la société en cas de défaillance. Mais il n'est jamais trop tard pour agir dans le sens du bien.

L'on peut donc espérer que la faitière des médecins et les autres organisations des agents de la santé accompagne cette courageuse décision gouvernementale qui certainement ne manquera pas de provoquer des remous dans les milieux de la santé où certains agents semblent avoir troqué la blouse blanche contre le costume des délinquants à col blanc. Tout en félicitant donc le gouvernement pour cette volonté de mettre de l'ordre dans les interventions des agents publics de santé dans les structures privées, il convient de l'encourager à aller au-delà de la prise d'un simple décret, pour mettre les moyens à la disposition des structures de contrôle et faire en sorte que force reste à la loi. C'est en ce moment véritablement que l'objectif sera atteint et cela au grand bonheur des populations dont le premier des besoins essentiels demeure la santé.

Sidzaba

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