Tunisie: Accord entre le ministère de l'éducation et la Fédération de l'enseignement de base - Le système éducatif, une affaire d'Etat

11 Juillet 2023

Le système scolaire en Tunisie est devenu, au fil des années, un grand corps malade. Des grèves incessantes chahutent le rythme des cours et les perturbent. Des contenus totalement à refonder. Des infrastructures, pour la plupart, dans un état défectueux. Des enseignants, majoritairement, trop peu formés.

Un feuilleton long et triste. Face au jusqu'au-boutisme des ultras, le ministre de l'Education ne mâche pas ses mots, dit que c'est «un scandale» d'avoir laissé les choses aller si loin. Et c'en est un. Les enseignants entraînés par leur fédération syndicale de l'enseignement de base n'ont toujours pas versé les notes des élèves. Pas de moyennes, pas d'appréciations, pas de livrets, pas de distributions de prix pour les plus méritants. L'année scolaire est en suspens, à ce jour, du moins.

Qui sortirait gagnant de ce bras de fer ? Certains syndicalistes, peut-être, qui jouent leurs carrières. Inscrire sur le cv qu'un tel a réussi à faire plier l'Etat. Le graal ! Or, il semble que l'Etat, cette fois-ci, n'a pas l'intention de plier. À l'inverse des mauvaises habitudes prises pendant plus de dix ans, lorsque l'Etat, affaibli, cédait toujours. Cette fois-ci, cela ne semble pas être le cas.

Des mesures seront prises pour mettre fin à cette situation, poursuit le ministre, dans une déclaration donnée aux médias. Mohamed Ali Boughdiri précise que les cadres éducatifs assumeront leurs responsabilités conformément à la loi. Et rappelle que cette pratique totalement abusive de rétention des notes a impacté la psychologie des élèves. D'un autre côté, le membre de l'exécutif a tenu à saluer les instituteurs qui ont «répondu à l'appel du devoir».

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Les premières victimes de ces abus, ce sont d'abord et surtout des enfants âgés de 6 à 12 ans. Leurs parents ; que d'argent perdu, que d'allées et venues, que d'efforts vains. C'est aussi un crime à l'encontre du peuple, assène le ministre. La liste des victimes ainsi s'allonge-t-elle. Ce sont, en effet, les contribuables qui payent pour que l'école publique se maintienne. Ces efforts collectifs, donc, des élèves, de leurs familles et de tout un peuple ont été ni plus ni moins piétinés.

Revirement ou pas ?

Le ministère de l'Education a annoncé hier, dans la foulée, qu'il a été décidé de démettre 350 directeurs d'écoles primaires de leurs fonctions et de saisir le salaire d'un mois de 17 mille instituteurs. Cette décision est prise à la suite des opérations de vérification et après un énième ultimatum. Une commission administrative était également prévue demain, mercredi, pour prendre les décisions qui s'imposent. Or, badaboum ! Revirement à 180 degrés, hier, au milieu de l'après midi.

Dans un communiqué, le ministère de l'Education annonce les mesures décidées en faveur des instituteurs. Le processus de négociation a abouti, nous dit-on, à l'acceptation de toutes les demandes des directeurs d'écoles primaires. Le ministère a répondu favorablement aux revendications de la fédération de l'enseignement de base pour améliorer la situation matérielle des instituteurs, et ce, en leur accordant une prime de 300 DT pour les années 2026-2027-2028, une augmentation supplémentaire d'environ 80 DT au cours des années 2024 et 2025. En plus de ce qui sera décidé ultérieurement par l'Ugtt et la présidence du gouvernement dans le cadre de la majoration salariale de la fonction publique.

Selon le même communiqué, le ministère a décidé, d'un commun accord avec la présidence du gouvernement, d'augmenter les salaires des enseignants contractuels de 750 DT à 1.500 DT, à partir du mois de septembre 2023, et de doter les écoles primaires de la personnalité juridique et de l'autonomie financière, précisant que 14.500 instituteurs ont été titularisés au cours de la semaine dernière.

Plusieurs questions viennent à l'esprit : est-ce la fin de la crise entre le ministère de l'Education et la fédération ? Les sanctions prises préalablement à l'encontre des directeurs et des instituteurs seraient-elles maintenues ou pas ? Mais encore, devrait-on s'attendre à d'autres revendications brandies par d'autres fédérations de l'enseignement ou bien d'autres secteurs légitimement encouragés ?

Quoi qu'il en soit, le système scolaire est devenu, au fil des années, un grand corps malade. Des grèves incessantes chahutent le rythme des cours et les perturbent. Des contenus totalement à refonder. Des infrastructures, pour la plupart, dans un état défectueux. Des enseignants, majoritairement, trop peu formés. Et, cerise sur le gâteau, des cours particuliers massivement répandus qui génèrent un ordre inégalitaire, un favoritisme de fait.

Un immense chantier national qui requiert, certes, de grands moyens, de grandes expertises, mais également de la détermination pour sauver un secteur, épine dorsale de la nation, de tous ses maux, y compris de ces insupportables dérives syndicales qui ne sont plus admises, il faut ouvrir les yeux, par une grande partie de la communauté nationale.

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