Congo-Kinshasa: Justice - L'épée de Damoclès plane toujours au-dessus de la tête de Matata Ponyo

Matata Ponyo, Premier Ministre de la RDC

Un mandat de comparution devant la Cour constitutionnelle vient d'être établi à l'encontre de l'ancien Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo Mapon.

L'ancien chef du gouvernement congolais doit se présenter, le 13 juillet, devant le procureur général près la Cour constitutionnelle, Jean-Paul Mukoko Nkolesha. Ce deuxième mandat de comparution établi le 10 juillet par cet officier du ministère public indique qu'il doit y être entendu sur les faits infractionnels à lui imputés. « Et faute de ce faire, il y sera contraint conformément à la loi », peut-on lire dans ce document.

Il est rappelé que la justice veut poursuivre Augustin Matata Ponyo dans l'affaire du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo dans laquelle il a été révélé un détournement des fonds dont il serait coupable. La justice, note-t-on, a déjà émis plusieurs invitations et mandats auxquels l'ancien Premier ministre et sénateur n'a pas répondu.

Dans son réquisitoire du 20 juin dernier adressé au bureau du Sénat, lui demandant d'autoriser des poursuites contre le sénateur Augustin Matata Ponyo, le procureur général près la Cour constitutionnelle avait fait savoir qu'il aurait des éléments nouveaux sur ce dossier du débâcle du projet du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo. Le 23 du même mois, l'incriminé, à son tour, a récusé ce magistrat ainsi que le président du Sénat, Modeste Bahati. L'ancien Premier ministre a déposé des plaintes contre ces deux personnalités à la Cour constitutionnelle, les accusant de violer la Constitution et les lois de la République. Matata Ponyo accuse le procureur Jean-Paul Mukoko de demander à son co-accusé, l'ancien ministre des Finances, Patrice Kitebi, de témoigner contre lui afin de le faire condamner et de l'éliminer à la présidentielle attendue fin décembre. Alors qu'il reproche au président de la chambre haute du Parlement congolais dont il est membre, de vouloir à tout prix l'éliminer politiquement.

Modeste Bahati a, en effet, réagi au réquisitoire du procureur de la Cour constitutionnelle, en notant que Matata Ponyo était déjà mis à la disposition de la justice et qu'une autre sollicitation du procureur n'était plus nécessaire. Pour Matata Ponyo, le président du Sénat et le procureur près la Cour constitutionnelle violent la loi, étant donné que cette dernière ne prévoyait pas des poursuites contre un ancien Premier ministre pour des actes commis sous cette fonction. Dans un point de presse tenu juin dernier, à Kinshasa, ainsi que dans d'autres interventions, ce technocrate devenu politicien dénonce l'utilisation de la justice par le pouvoir en place pour l'éliminer de la course à la présidentielle de décembre 2023. Il avait indiqué qu'un nouveau réquisitoire pour lever ses immunités tel que sollicité par le procureur général près la Cour constitutionnelle était illégal et irrégulier. « Ce duo se remet en place pour une énième violation des lois et règlements de la République démocratique du Congo pour concocter en toute illégalité, en toute fraude, en toute tricherie et irrégularité, le plan pour l'émission d'un nouveau réquisitoire pour solliciter, après avoir stratégiquement mis à l'écart l'assemblée plénière, organe habilité sur la question, les immunités du sénateur Matata », avait-il dénoncé lors de ce point de presse, parlant de Bahati Lukwebo et du procureur Jean-Paul Mukoko.

Malgré cette résistance, le bureau du Sénat a avoué avoir déjà ouvert la voie au procureur, pour des poursuites contre Matata Ponyo et le train a pris sa vitesse de croisière, avec ce nouveau mandat de comparution qui vient d'être émis et qui l'oblige à se présenter devant le procureur.

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