Congo-Brazzaville: Mildred Moukenga - « A travers Enky, je rends hommage à l'héroïsme de la femme congolaise»

interview

Multipotentialiste, autodidacte et créative, Mildred Moukenga a construit, à travers son premier roman « Enky », un puzzle intriguant et subtil dans l'intention de jouer jusqu'au bout avec les nerfs de ses lecteurs qui vont s'interroger tout au long d'un récit où les apparences sont souvent trompeuses et la vérité entrevue, contredite au chapitre suivant. Etalé sur 138 pages, ce livre, d'une vingtaine de chapitres enrichis de contes et de récits rocambolesques, embarque son lecteur à la découverte des rites et traditions congolaises mais aussi à la pratique de l'art de rebondir ; la résilience. Entretien.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Votre premier ouvrage est intitulé « Enky ». Que veut dire ce nom ? Est-il tiré d'une langue parlée au Congo ?

Mildred Moukenga (M.M.) : Enky veut dire « peu », en langue Mimbelly ou Enyellé. Ce nom était porté par une femme qui a existé dans les années 1920 dans la Likouala. Ceux et celles qui l'ont connue la présentent comme étant une femme forte, charismatique et populaire dont les actions ont marqué sa génération. Étant donné que dans ce roman j'ai parlé de certains faits réels qui ont eu lieu dans cette partie du pays, j'ai voulu lui rendre hommage.

L.D.B.C. : Romance, trahison, fétichisme, intrigue, qu'est-ce qui vous a poussé à écrire sur ces thématiques ?

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M.M. : Il s'agit de nos réalités, de nos moeurs, nos us et coutumes, etc. Certains font partie de notre identité culturelle, d'autres, par contre, ce sont des antivaleurs. Grâce aux réseaux sociaux, plusieurs faits sont désormais mis à nu. Nous devons faire des choix sur ce qui est bon ou mauvais. Cela nous aidera à ouvrir le dialogue et à nous exprimer sur certains sujets profonds dans notre société.

À titre d'exemple, nous parlons tout le temps des droits de la femme, les institutions de la République et les organismes internationaux n'ont de cesse de montrer leur implication pour la lutte contre toutes sortes de violence. Malheureusement, notre société continue de perpétrer certaines violences psychologiques et morales contre les veuves, par exemple, au nom de la coutume. Cela ne dérange pas, car il s'agit de la coutume.

Pourtant, les conséquences sont réelles. Imposer un mode de vie austère à une personne qui vient de perdre un être cher, et qui normalement a besoin d'être apaisée, c'est quelque chose d'incompréhensible mais pourtant approuvé par notre société. L'exercice que j'ai voulu nous donner avec Enky, c'est de nous permettre de voir, à travers une représentation de certains actes que nous posons dans la société, et par conséquent que nous réalisons, ce qu'ils peuvent apporter de bien ou de mal sur notre bien être en général.

L.D.B.C. : Quels acteurs joueraient vos personnages si votre livre était adapté au cinéma ?

M.M. : Je suis justement en train de faire des recherches à ce sujet. J'ai toujours voulu que l'histoire soit adaptée dans le cinéma. Je crois que dès que je trouverai des personnages qui incarneraient ces rôles, je n'hésiterai pas de vous les présenter.

L.D.B.C.: Quel est le message capital de votre ouvrage ?

M.M. : Il y en a plusieurs, mais le principal c'est la résilience. Je montre comment reprendre son destin en main après des situations difficiles. Un exercice qui n'est pas du tout facile à faire.

L.D.B.C. : Avez-vous d'autres projets d'écriture ?

M.M : Actuellement j'écris le volume 2 de Enky, je crois qu'il sera publié en début de l'année prochaine (2024).

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