Sur qui le président de la République, Macky Sall, va-t-il jeter son dévolu pour remporter l'élection présidentielle du 25 février 2024 ? Mystère et boule de gomme ! Ce serait même risqué de tenter de répondre à cette interrogation. En revanche, les tractations, les combines et autres combinaisons se font et se défont pour parer à toute éventualité. Si les noms de Amadou Bâ, Abdoulaye Daouda Diallo, Aly Ngouille Ndiaye et autre Amadou Mame Diop sont cités ça et là, d'autres cadres de l'APR peaufinent leur stratégie sans tambours, ni trompettes et attendent avec impatience le top départ. D'un large consensus à une implosion, tout reste possible dans cette armée mexicaine qui a porté son choix sur une structuration verticale.
L'attaque frontale aura lieu. Elle est même inévitable. Et pour cause, les ambitions présidentielles des têtes de gondole de l'Alliance pour la République sont devenues un secret de polichinelle. Pis, depuis que le président de la République, Macky Sall, a décidé de renoncer à un 3ème mandat, les réunions secrètes, les alliances et contre-alliances s'ajoutent à la confusion des militants encore groggy par la décision du Chef de l'Etat de quitter la piste.
Si l'Alliance pour la République (APR) a donné carte blanche à son Président, pour proposer à la coalition Benno Bokk Yaakar un candidat à l'élection présidentielle du 25 février 2024, il n'en demeure pas moins que certains ténors ne perdent plus du temps.
Alors que Abdoulaye Diouf Sarr a d'emblée affiché son ambition de succéder à Macky Sall en pleine réunion du Secrétariat exécutif national de l'APR, d'autres comme Abdoulaye Daouda Diallo, Amadou Bâ et autres Aly Ngouille Ndiaye affûtent leurs armes tout en priant pour être le «messie» tant attendu afin de poursuivre l'oeuvre du Président Sall.
C'est dans cette dynamique qu'il faut loger le périple du président du Conseil économique social et environnemental (CESE) Abdoulaye Daouda Diallo dans le département de Matam. «Pendant 11 ans, le Président Macky Sall m'a confié des postes de responsabilité et je l'ai toujours accompagné dans ces missions. Je n'ai jamais quitté le parti et, grâce à lui, j'ai occupé beaucoup de postes de responsabilité du début à la fin de son règne. Et aujourd'hui, je suis à son service», a confié ADD selon nos confrères du journal BES BI qui parle d'une tournée «intrigante» chez les chefs religieux de Matam. Ces partisans brandissent déjà sa loyauté, sa fidélité auprès du Président Sall, depuis la période des vaches maigres. Ce qui lui avait valu un «ostracisme» sous le régime d'Abdoulaye Wade.
Pour d'autres, le directeur de Cabinet du Président de la République, natif du Fouta (Bokki Dialloubé) chercherait juste à rattraper son retard sur son «ennemi juré», Amadou Bâ qui disposerait d'une assurance particulièrement à Thilogne mais aussi chez certains chefs religieux notamment la famille Thierno Ndiaye Barro et Cherif Abdoul Moutalib. «Le Fouta attend le choix du Chef de l'Etat. Toutefois, nous pensons que le Premier ministre serait un choix», confie un notable de Thilogne qui a préféré garder l'anonymat.
Farba Ngom-Harouna Dia, la bataille du Fouta se poursuit
Dans cette conquête du Fouta, une bataille risque de se poursuivre entre deux mastodontes. Il s'agit de Mouhamadou Ngom dit Farba et le milliardaire, Harouna Dia, surnommé le Moro Naba. Ces deux hommes qui ont livré tout le long du règne de Macky Sall, un duel à fleurets mouchetés pourraient encore s'affronter pour la Présidentielle 2024. Sauf que cette fois, ils ne seront pas être du même camp. Selon certaines indiscrétions, Harouna Dia parrainerait Abdoulaye Daouda Diallo pour la succession de Macky Sall à la tête de l'Etat. Même si, selon nos confrères du journal L'AS, «un ticket», Harouna Dia-Aly Ngouille Ndiaye serait «en orbite».
Or, dire que Farba Ngom est un proche parmi les proches de l'actuel Premier ministre, relèverait d'un euphémisme. C'est ce dernier lui-même qui l'a annoncé à la télévision lors du différend entre le maire des Agnam et l'ex bouillant vice-président de l'Assemblée nationale, Moustapha Cissé Lô. C'est dire que la bataille du Fouta peut bel et bien avoir lieu.
Des outsiders aux dents longues
Par ailleurs, il importe de relever qu'il est extrêmement difficile voire impossible de savoir ce que fera le président Macky Sall. Ses actions à la tête de l'Etat en sont une parfaite illustration. Des remaniements ministériels, à la suppression et/ou rétablissement du poste du Premier ministre en passant par le choix de Amadou Mame Diop au Perchoir de l'Assemblée nationale, le Chef de l'Etat a toujours surpris son monde. Apparemment, c'est dans son ADN. Même s'il s'agit d'une élection présidentielle, autrement dit un rendez d'un homme avec son peuple où la légitimité sera le facteur clé, Macky Sall pourrait encore sortir de sa botte secrète un candidat différent des personnalités susmentionnées. Des jeunes cadres de son parti sont tapis dans l'ombre et continuent à travailler sans tambours ni trompettes. Ils disposent déjà de bases solides pour aller à la conquête du pouvoir. Une telle hypothèse aussi particulière soit-elle devrait être prise en compte. Pourvu juste que Benno Bokk Yaakar dans son écrasante majorité parraine ce choix. Mais quel que soit le scénario, l'Alliance pour la République pourrait imploser. Pour l'heure, c'est juste le calme avant la tempête.