La colère est à son comble chez quelque 200 médecins généralistes de la Medical Unit du ministère de la Sécurité sociale, recrutés sur une base contractuelle d'un an ou deux et dont les contrats, expirés depuis le 28 mai, n'ont toujours pas été renouvelés.
Ce qu'il faut savoir, c'est qu'avant 2016, les médecins généralistes recrutés par la Sécurité sociale l'étaient sous contrat à durée indéterminé. Ils sont une quinzaine dans le cas et sont autorisés à travailler jusqu'à 70 ans. À partir de 2016, le ministère s'est mis à recruter des généralistes sur une base contractuelle d'un an ou deux. Ainsi, une cinquantaine de médecins ont été recrutés sur cette base cette année-là, plus d'une centaine en 2020 et depuis le début de l'année, quelque 200 l'ont encore été. Et il y aurait un nouveau recrutement de prévu.
Avant chaque renouvellement de contrat, ils doivent passer un entretien devant un panel comprenant le Medical Director et les techniciens du ministère. «Les questions sont d'une ineptie sans pareille, du genre : 'Ki manier ou trouv ou travay dan Sekirite sosial'. Malgré ça, les médecins s'y soumettent de bonne grâce», raconte un médecin.
Sauf que depuis le 28 mai, le contrat de quelque 200 d'entre eux a expiré et, depuis, il n'a toujours pas été renouvelé. Ces médecins se demandent si c'est légal pour eux de continuer à travailler et à rendre visite aux bénéficiaires de la Sécurité sociale. «Nous sommes inquiets car il nous arrive de prescrire des médicaments potentiellement dangereux. S'il y a un acte de négligence demain, qui portera le chapeau ? Le ministère risque de se dédouaner et toute la responsabilité tombera sur le dos du médecin. Ce n'est pas normal», estime un autre médecin.
Avant le dernier renouvellement de leur contrat, six mois s'étaient écoulés et il semblerait que l'on se dirige vers une situation similaire. Un autre praticien estime que ce renouvellement est non seulement une entorse à la loi du travail mais que c'est humiliant pour les médecins qui, sans contrat, sont incapables de planifier leur vie. «On ne peut même pas se tourner vers une banque pour obtenir un prêt, vu que nous n'avons pas un emploi permanent. C'est enrageant.»
Sans compter qu'ils sont payés au lance-pierre, soit Rs 650 par visite alors que les médecins généralistes au libéral facturent pas moins de Rs 1 000 pour une consultation. Et ces Rs 650 comprennent leurs frais de transport. Si, d'après la Mauritius Revenue Autority, le travelling n'est pas taxable, comme il est difficile de déterminer la part des frais de transport dans cette somme, la MRA leur ponctionne la taxe sur chaque consultation.
Ce qui les met en rogne également, c'est qu'ils ne sont pas considérés comme des fonctionnaires. «Est-ce que nous sommes considérés comme praticiens publics ou privés ? Si nous sommes considérés comme médecins publics, nous aurions dû avoir le statut de fonctionnaires et les mêmes conditions que ces derniers. Or, tel n'est pas le cas. Et en recrutant encore des médecins, c'est une redistribution des patients et moins de patients à voir au final et moins de revenus pour nous.»
Selon une source proche de la Social Security Medical Practionners Union, les membres de ce syndicat ont eu plusieurs réunions avec le du ministère de tutelle et avec le département de conciliation et de médiation du ministère du Travail. Ils attendent une réponse. Ils ont aussi soumis une liste de recommandations pour améliorer le service, incluant la composition des boards médicaux et des amendements à la Sixth Schedule et aux règlements des boards médicaux.
Interrogée, Fazila Jeewa-Daureeawoo, ministre de la Sécurité sociale, a déclaré que le département des Ressources humaines du ministère fait le nécessaire pour que ces médecins continuent à travailler.