La visite prévue d'un expert français se heurte à la haine en ligne
Au Cameroun, les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) ne sont que trop conscientes de la rhétorique homophobe et des attaques violentes qui les visent. Une fois de plus, cela a été mis en évidence par le torrent de propos hostiles déclenché par l'annonce de la visite dans le pays de Jean-Marc Berthon, l'ambassadeur français pour les droits des personnes LGBT+.
Jean-Marc Berthon devait se rendre au Cameroun à la fin du mois pour y participer à un événement portant sur le genre et la sexualité, organisé par l'Institut français de Yaoundé, la capitale du pays. Le gouvernement camerounais a officiellement fait part de son opposition à ce déplacement et le ministre des Affaires étrangères, Lejeune Mbella Mbella, a déclaré aux médias que l'objet de cette visite serait contraire à la législation camerounaise, qui interdit les relations consensuelles entre personnes de même sexe.
La visite de Jean-Marc Berthon a donc été annulée.
Depuis l'annonce initiale de cette visite, de nombreuses voix ont appelé à la justice populaire et à la violence contre les personnes LGBT sur les réseaux sociaux. Certains responsables gouvernementaux et politiques, ainsi que des personnalités publiques, ont qualifié les LGBT de « contre-nature », d'« anomalie », de « citoyens vampires », de « destructeurs de la famille » et de « destructeurs de l'État », et leurs pratiques de « sataniques et démoniaques ». Outre ces propos haineux en ligne, les personnes perçues comme LGBT subissent quotidiennement des menaces constantes de harcèlement et de violences physiques.
Tamu (un pseudonyme), un activiste LGBT vivant à Yaoundé, m'a confié : « La situation est très tendue. Les gens ont peur. Partout où l'on va, on entend : ''Nous devons tous les brûler". » Des jeunes [LGBT] m'appellent de partout. Ils ne savent pas quoi faire. »
Le ministre des Affaires étrangères a affirmé qu'il n'y avait pas de personnes LGBT au Cameroun, ce qui est manifestement faux. Des organisations LGBT existent dans ce pays et plusieurs d'entre elles parviennent même à travailler avec le gouvernement sur des initiatives de lutte contre le VIH/sida. Mais le Cameroun a un bilan consternant en ce qui concerne le respect des droits des personnes LGBT. Les forces de sécurité n'ont pas réussi à les protéger de la violence et, dans certains cas, se sont rendues coupables ou complices d'actes de violence contre elles. Les autorités camerounaises devraient condamner sans équivoque la violence et l'incitation à la violence visant les personnes LGBT, enquêter sur ces crimes et faire traduire les responsables en justice.