Le président iranien, Ebrahim Raïssi, a foulé depuis le 11 juillet 2023, le sol africain sur lequel il entame une tournée de trois jours. Kenya, Ouganda et Zimbabwe sont les trois pays sur lesquels le religieux chiite a jeté son dévolu.
Un périple africain qui marque, en fait, une nouvelle étape de l'offensive diplomatique engagée par Téhéran pour trouver de nouveaux alliés sur la scène internationale. Et c'est de bonne guerre. Trop longtemps marginalisé sur la scène internationale, du fait des pressions et autres sanctions occidentales, « le pays des Mollah » veut ainsi briser les chaînes de son isolement à la fois diplomatique et économique en s'employant à une politique de raffermissement de ses rapports avec ses pays amis et une intensification de ses partenariats avec ces derniers.
La présente visite du dirigeant iranien en terre africaine, sera surtout axée sur l'économie. Mais ce n'est pas seulement en Afrique, que la République islamique d'Iran cherche des alliés. On sait que, parallèlement, elle a renforcé ses liens avec la Chine et la Russie, dans le cadre d'une stratégie tournée vers l'Est, en raison du développement de son programme nucléaire qui continue de lui valoir bien des ennuis, mais aussi balistique et de drones.
Une stratégie visant à désarticuler l'ordre mondial qui imprime la marche actuelle de la planète. Et qui n'est pas étrangère à la présence annoncée du maître de Téhéran, en Afrique du Sud, en fin août prochain, pour prendre part au sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) qui entend mettre un terme à la domination du dollar américain dans les relations économiques internationales.
De part et d'autre, il y a des opportunités à saisir
Il faut aussi dire que dans sa politique d'ouverture au monde, tenant compte du nouveau contexte international marqué par la crise économique, Téhéran s'est même rabibochée avec sa grande rivale, Riyad, ainsi que d'autres pays arabes du golfe persique. Pour en revenir aux trois pays d'Afrique qui viennent de dérouler le tapis rouge au dirigeant iranien, ce voyage, le premier d'un président iranien en Afrique depuis 11 ans, vaut tout son pesant d'intérêt et d'opportunités à saisir. Qu'on en juge notamment par le volume des échanges commerciaux du pays du Chah avec les trois pays sus-cités.
En effet, en 2022, ce volume était estimé à plus de 128,5 mille tonnes de marchandises d'une valeur de 73 millions 781 mille dollars. Et ce n'est pas tout : ces trois Etats d'Afrique constituent un marché de 115 millions d'habitants. Bref, c'est dire si de part et d'autre, il y a des opportunités à saisir. Reste à savoir si les pays sur lesquels s'est porté le choix de Téhéran, et l'Afrique en général, tireront le meilleur profit de la nouvelle offensive iranienne qui ne s'arrêtera sans doute pas au terme de la visite présidentielle dans ces trois Etats.
En tout cas, à la veille de cette tournée africaine du président iranien, le vice-président du Club des affaires Iran-Afrique, a été on ne peut plus clair : « Le voyage en Afrique du plus haut responsable exécutif iranien, après 10 ans, montre l'importance du continent africain dans la politique étrangère de la République islamique d'Iran, qui consiste à se présenter sur des marchés vierges et à utiliser toutes les capacités politiques, économiques et commerciales, conformément aux intérêts nationaux et aux principes du respect mutuel ».
Avant d'ajouter que le voyage de leader iranien, « peut être un prélude au règlement des problèmes d'infrastructures liées aux liens commerciaux avec ce continent et, finalement, à l'expansion commerciale avec l'Afrique ». De bons augures qui devraient se voir inscrits dans le champ du concret dans l'intérêt commun des peuples d'Iran et d'Afrique.