Ile Maurice: La victoire des voyous impunis !

Criante injustice ! La démission du journaliste Murvind Beetun, contraint de quitter son poste après les incidents inacceptables qui sont survenus dans les locaux de Top FM, n'est pas banale. Elle symbolise la victoire de l'impunité d'une bande de voyous tolérée par une République dont la pratique de l'exercice du pouvoir ne peut se réaliser hors d'un climat de terreur !

Que feront les autorités après la déposition faite ce vendredi par le journaliste qui est revenu en détails sur ce qu'il a subi ? Comment réagiront les policiers face à des accusations envers leurs collègues de la SST qui ont débarqué dans les locaux de Top FM ce jour-là ?

Voilà donc un journaliste, victime d'actes d'intimidations dans sa rédaction, qui est, aujourd'hui, forcé d'arrêter de faire son métier, tandis que ses agresseurs (dont les visages sont visibles sur les vidéos) ne sont nullement inquiétés, car se sachant protégés !

Au-delà des secousses personnelles et professionnelles injustes que vit Murvind Beetun depuis son interview de l'ASP Jagai, au-delà de la pathétique scène de deux avocats venus à l'antenne pour mieux se ridiculiser, l'on retient le recours à la violence pour tenter de contrôler une émission. Est-ce la proximité avec des proches d'un pouvoir autoritaire qui permet ces agissements inadmissibles ?

Ainsi va une société où tout est fait pour limiter la liberté de la presse indépendante et de l'opinion ! Après une série de sanctions envers les médias (suspensions de licences -Top FM en a elle-même fait les frais -, convocations de journalistes au poste de police, tentatives de museler des voix sous prétexte de réformes de lois, pressions sur certains médias boycottés par la publicité gouvernementale), nous basculons encore plus profondément dans la dérive ! Cette fois, une bande de personnes (incluant des policiers) débarque dans une radio et ne s'embarrasse pas pour menacer et agresser un journaliste.

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Si cette affaire ne doit pas nous laisser insensibles, c'est parce qu'elle s'apparente à une nouvelle forme de répression censée faire taire des voix indépendantes. Aucun moyen n'est épargné ! On apprenait, il y a quelques jours, la convocation d'un membre de Rezistans ek Alternativ pour une affaire datant de 2012 !

«Plus de onze ans plus tard, sans aucune explication, la police est arrivée chez Devianand Narain pour lui demander de se présenter devant le tribunal. (...) Il n'y a aucun détail concernant cette affaire», a expliqué le porte-parole Ashok Subron, qualifiant cette démarche de répression politique contre les mouvements syndicaux ! Une autre syndicaliste (Yogita Baboo) occupe l'actualité depuis plusieurs jours en continuant sa juste bataille face à Air Mauritius, sur toile de fond d'entrave à la liberté syndicale, de menaces de licenciements et de persécution.

La lecture n'a échappé à personne : toutes les voix qui critiquent le pouvoir, qui se battent pour des droits légitimes ou qui revendiquent une liberté de penser, en questionnant, avec raison, les informations officielles du gouvernement, en payent les conséquences ! Que l'on soit journaliste, syndicaliste, parlementaire de l'opposition, ou membre de plateformes citoyennes ou extra-parlementaires ! La raison est connue : le gouvernement MSM n'accepte pas les règles du jeu démocratique, aucune voix contraire n'est tolérée, une seule pensée (unique) est permise et on devine laquelle !

Face aux princes du jour, il faut se montrer docile, courber l'échine, faire échos positifs à des incompétents, fermer les yeux sur tous les scandales, les dilapidations de fonds publics, tout en regardant la mainmise sur nos institutions et en assistant à l'indécente utilisation policière qui fait régner une atmosphère de terreur. La dénonciation du courageux employé de poste autour des procédures qui n'ont pas été respectées dans la réception des colis qui auraient été destinés aux Bissessur est un autre exemple de la manière de faire d'une police aux manoeuvres douteuses. C'est la même police qui était dans les locaux de Top FM ! Avec les répercussions que l'on connaît sur un journaliste ! Une criante injustice !

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