Dans le pays kabyè, au Togo, depuis samedi se déroulent les rites initiatiques qui doivent permettre à des jeunes de quitter l'adolescence pour passer à l'âge adulte. Cela prend la forme d'un combat de lutte traditionnelle. L'événement a lieu chaque année et rassemble beaucoup de monde dans les villages de la préfecture de la Kozah.
Les combats se déroulent par équipe. Cinq jeunes hommes, âgés de 18 à 20 ans, affrontent leurs adversaires dans une arène spécialement préparée à cet effet. Le but du rite Evala est d'habituer le jeune Kabyè à l'endurance, à l'effort et au sacrifice, qu'il devra plus tard consentir au sein de la société.
Le rituel est complexe, avec des cérémonies spécifiques et éprouvantes, explique Pierre Adekedeou, un initié : « Ils font trois ans. Pendant ces trois ans, ils mangent de la viande de chien. Donc, c'est le fait de faire manger la viande à ce jeune-là qui fait de lui un Evalou, un homme nouveau. »
Dans l'arène, pendant que les lutteurs s'affrontent et s'empoignent, parents, amis et curieux, arrivés de toutes parts chantent et dansent aux sons des cors, des gongs, des castagnettes et des tam-tams. Ce n'est qu'après cette phase initiatique - qui dure trois ans - que le jeune Evalou acquiert des prérogatives dans sa communauté, souligne Alex Nabede qui est passé par là : « C'est après ce rite initiatique que le jeune Kabyè est autorisé à se marier, donner son avis, défendre sa communauté, sa famille et par ricochet, lui-même. »
Tradition oblige, le jeune qui réussit son initiation est auréolé de gloire. On dit d'ailleurs, en pays kabyè, que l'un des plus grands châtiments qu'un parent puisse infliger à son fils, c'est de retarder son initiation ou de la lui refuser.
01:03 Pierre Adekedeou: «C'est la première initiation cardinale qui donne lieu aux suivantes»