Les vrais grands hommes sont souvent ceux qui, de leur vivant, ne souhaitent pas qu'on parle trop d'eux. Pius Njawé, journaliste, fondateur du quotidien privé camerounais « Le Messager » en 1979, était de ceux-là.
Pius Njawé est décédé le lundi 12 juillet 2010 sur une autoroute de Virginie aux États-Unis, après que la voiture qu'il occupait ait été violemment emboutie par un poids lourd roulant à grande vitesse. Il se trouvait aux États-Unis depuis une semaine dans le cadre d'un meeting des forces de l'opposition camerounaise avec pour but l'alternance au sommet du pays en 2011.
Sa mort brutale, dont les circonstances exactes ne sauront sans doute jamais connues, aura pour conséquence, sinon de faire définitivement de Pius Njawé une icône nationale dans son propre pays, à tout le moins, de le rendre plus adulé encore par le peuple camerounais qui l'adorait.
Précurseur de la liberté d'expression au Cameroun, Pius Njawé est, avec Mongo Beti, pour reprendre Théophile Kouamouo, journaliste en Côte d'Ivoire " l'une de ces figures camerounaises de l'insoumission qui nous servent aujourd'hui de boussoles et de guides dans les dédales de nos aventures intellectuelles. Sans Pius Njawé, sans Mongo Beti, trouver la force de s'accrocher à une vérité contrariante pour beaucoup, notamment pour le cartel des puissants, aurait été bien plus difficile."(fin de citation)
Opposé à la lutte armée, la vie de Pius Njawé a été celle d'un combattant infatigable et non violent pour la liberté. Comme le souligne très justement Thierry Amougou, Pius Njawé, « faisait partie du décor national et international (...) ». Il est entré dans le cercle très fermé de ces hommes qui ont quelque chose en plus. Ces hommes qui marquent un moment de l'histoire et que, par un conditionnement inconscient, on pense qu'ils seront toujours là « (...) Pius Njawé n'a pas eu la chance, à l'instar de Nelson Mandela, de Mohammed Ali ou de Pelé, de vivre sa propre légende »
Treize ans après la disparition du fondateur de Le Messager...Ses œuvres survivent... Ses orphelins qui n'ont pas séché leurs larmes ne l'oublient point. Ils n'ont pas abandonné son œuvre: Pérenniser Le Messager . Oui, un devoir. Ce message s'adresse aussi bien à ceux à qui incombe la gestion du Messager aujourd'hui, mais aussi et surtout aux héritiers et ayants-droit de Pius Njawé. RIP Pius NJAWE