Dakar — Amnesty International a indiqué dans un rapport publié mardi, à l'occasion de la journée africaine de lutte contre la corruption, que les défenseurs des droits humains qui combattent ce fléau dans 19 pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre courraient des risques multiples, débouchant parfois sur la mort.
"Le résultat est édifiant : les défenseurs des droits humains qui y [dans ces 19 pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre] combattent la corruption risquent arrestations, harcèlement, placements en détention, lourdes amendes. Certains risquent même la mort", a déclaré Liliane Mouan, conseillère sur la corruption et les droits humains à Amnesty International à Dakar, dans une interview à RFI.
Selon elle, "la corruption perdure avec la même intensité en Afrique et prospère dans un climat de restrictions draconiennes des droits humains et de l'espace civique, qui limite la capacité des défenseurs des droits humains à demander des comptes à des acteurs puissants au sujet de la corruption ».
Cette situation contraste avec "le fait que 48 des 55 États membres de l'Union africaine (UA) aient ratifié la convention de l'Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption", a-t-elle ajouté.
"Les défenseurs des droits humains qui essaient de combattre la corruption sont confrontés à un manque de lois permettant de les protéger, à des institutions judiciaires biaisées et à une culture d'impunité qui laisse justement les pratiques malhonnêtes et les abus de pouvoir impunis", s'est en outre inquiété la conseillère d'Amnesty International à Dakar.
Sur les 19 pays étudiés, seuls quatre ont légiféré en faveur de la protection des défenseurs des droits humains et lanceurs d'alerte.
"Seuls la Côte d'Ivoire, le Mali et le Niger ont adopté des lois sur la protection des défenseurs des droits de l'homme, et seul le Ghana possède une loi visant spécifiquement à protéger les lanceurs et lanceuses d'alerte", a-t-elle souligné.