Emmurés dans un silence ces derniers temps pour, disent-ils, soutenir les forces combattantes et le gouvernement de la transition à anéantir les forces du Mal, certains observateurs et des responsables de la société civile sortent du bois pour dénoncer la dégradation continue de la situation sécuritaire dans la province du Yatenga.
Si les attaques des bases des forces combattantes se soldant par de nombreuses tueries se font de moins en moins ces derniers temps dans la province du Yatenga, les groupes armés terroristes n'ont cependant pas désarmé. Dans ce calme précaire, ils accentuent les harcèlements sur les populations dans les différentes communes et aux alentours de la ville de Ouahigouya.
En fin de semaine dernière, ils ont fait irruption dans les encablures du secteur 14 et du village de Komsilga juste derrière le camp militaire « Zondoma » dans la commune de Ouahigouya où ils ont fait parler la poudre avant de convoyer des animaux. Au même moment, le dimanche 9 juillet 2023 les fauteurs de trouble ont bloqué le trafic sur l'axe Ouahigouya -Zogoré empêchant les déplacements de la population. La mise en oeuvre d'un ultimatum qu'ils avaient lancé quelques jours
auparavant sommait les habitants de la ville de Zogoré de ramener les marchandises qu'ils sont allés cacher à Ouahigouya au risque de ne plus pouvoir s'y rendre. Mettant leur menace à exécution, ils ont procédé à des contrôles sur l'axe le dimanche dernier et ceux qui se sont hasardés à l'emprunter ont reçu pour leur compte. Un usager qui a tenté de les contourner a été tué à bout portant. Les plus chanceux ont été bastonnés et sommés de rebrousser chemin, sans leurs moyens de déplacement. Il nous revient que ces nouveaux faiseurs de lois auraient laissé entendre qu'ils ont des pourparlers avec Ouahigouya et que c'est à l'issue de cette entrevue qu'ils décideront de la libération de la route ou pas. Avec qui doivent-ils mener ces pourparlers ? De quoi doivent-ils discuter ? Bien malin qui saurait y répondre.
La stratégie de ces fauteurs de trouble donne l'impression qu'ils sont en train d'orchestrer un plan machiavélique dans le sens d'asphyxier la ville de Ouahigouya. Depuis plus d'un mois, ils ont interdit tous les déplacements des habitants des villages des communes de Thiou, Koumbri, Barga vers Ouahigouya avec pour mot d'ordre d'opérer les transactions commerciales et les soins sanitaires dans la ville de Koro au Mali. Les agressions ont aussi repris du poil de la bête dans les communes de Séguénega et d'Oula. La semaine dernière, une attaque dans un quartier de Séguénega a fait 3 victimes dont un VDP tué et deux autres blessés. Ce mardi 10 juillet, le village de Margo dans la commune d'Oula a enregistré un décès suite à une incursion de ces « hommes de la brousse ».
Tous les villages de la commune de Tangaye dont le chef-lieu est à 15 km de Ouahigouya ont été déguerpis. Les agresseurs ont mis du temps avant de laisser les fuyards de cette localité se diriger vers Ouahigouya.
Véritablement au Yatenga, la reconquête des territoires occupés et la réinstallation des populations se font toujours attendre. Sur les 13 communes que compte la province, ce sont les communes de Kossouka, Rambo, Kalsaka et les chefs-lieux des communes de Ouahigouya et de Séguénega qui n'ont pas été déguerpis. Sur les 37 villages rattachés à la cité de Naaba Kango, au maximum 5 villages dignes de ce nom sont pour le moment sur place. La concentration humaine dans les 15 secteurs du chef-lieu de la commune, surtout dans les quartiers périphériques commence à être insupportable. Se disant excédés, des individus se réclamant membres d'organisations de la société civile ont appelé à un meeting à la place de la
Nation de Ouahigouya le lundi 10 juillet 2023 pour dénoncer l'enlisement de la situation sécuritaire mais n'ont pas pu mobiliser grand monde.