En mai 2022, en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, Ornella et Olive travaillent au champ lorsque leur village est attaqué par un groupe armé. Sur le chemin, elles sont kidnappées durant quatre jours. A leur retour, elles découvrent un village désert.

La plupart des habitants ont pris la fuite pour échapper à la violence. Abandonnées à elles-mêmes, Ornella et Olive se retrouvent sans toit, sans ressources et sans famille. Une voisine finit par les prendre sous son aile et les accueille dans son nouveau foyer établi dans un village voisin.

Plusieurs mois s'écoulent sans signe de vie de leur mère.

Morte ou vivante ? Douloureuse incertitude qu'une psychologue américaine, Pauline Boss, définit comme « la perte ambiguë ». Si la mort est tragique, l'absence de nouvelles mêlée d'espoir ténu est parfois pire.

En novembre 2022, six mois après cette douloureuse épreuve, des volontaires de la Croix-Rouge congolaise de l'unité « protection des liens familiaux » rencontrent Ornella et Olive. Elles expliquent avoir perdu contact avec toute leur famille et ajoutent que leur mère est originaire de Bukavu, dans le Sud-Kivu, à 600 kilomètres au sud. Peut-être est-ce là le début d'une investigation fructueuse.

Un travail minutieux pour retrouver les familles

Fin janvier 2023, grâce au travail de fourmi de la Croix-Rouge, la mère de famille est retrouvée dans les environs de Bukavu. S'entame alors un important travail logistique pour réunir Ornella et Olive avec le reste de leur famille. De leur village, elles sont transportées en voiture à Bunia, capitale de la province, puis en avion de Bunia à Bukavu, puis après deux heures de route, elles ont enfin pu étreindre leur mère.

« Aujourd'hui que je mange ou pas, je suis en paix » s'exclame Mushagalusa Tshibalonza

« Voici mes enfants. Mes enfants viennent d'arriver. Je suis trop contente. Ma famille est au complet maintenant » chante la mère de famille, valise de ses filles visée sur la tête.

Après plusieurs mois de séparation et de recherches, la Croix-Rouge de la RDC et le CICR ont pu remettre en contact une mère de famille avec ses enfants, séparées par le conflit.

« En République démocratique du Congo, les reliefs et les grandes distances rendent notre travail difficile, sans parler de l'insécurité générale. Heureusement, nous pouvons compter sur notre grand réseau de volontaires également présents dans les villages difficiles d'accès. Leur travail est indispensable », explique Robert Cobidongo, chef de bureau de l'unité protection des liens familiaux de la Croix-Rouge d'Ituri.