Congo-Kinshasa: Construction du port en eau profonde de Banana - Les notables Ne Kongo n'adhèrent toujours pas au projet

Lancés depuis le 31 janvier 2022, les travaux de construction du port en eau profonde de Banana, près de Moanda, dans la province du Kongo-Central, battent de l'aile.

L'échéance du 2025 fixée quant à l'aboutissement du projet risque d'être retardée au regard des tâches gigantesques encore à réaliser. Il s'agit notamment de l'érection du mur de soutènement (enrochement), une sorte de superstructure de près de 2km, destinée à servir de fondation aux quais de 600 m de long et de 25 hectares d'espace de stockage.

On est encore loin d'achever la phase 1 du projet à la suite des atermoiements constatés dans le chef des différents intervenants, particulièrement les notabilités locales qui, manifestement, n'adhèrent pas au projet. Alors que la commission chargée de l'expropriation et de l'indemnisation des personnes établies sur le site du port s'attelle à désintéresser les occupants concernés pour cause d'utilité publique, des vagues de résistance ne cessent de se déclarer un peu partout.

Bien plus, le recours à une main d'oeuvre autre que celle de Moanda ravive également les rancoeurs vis-à-vis de ce projet pourtant salutaire à plus d'un titre. Mis à part toute superstition, les pêcheurs, quant à eux, estiment que la construction de ce port va se traduire par une baisse de prise de poisson et un manque d'espaces libres pour leur matériel. Alors qu'ils seront les principaux bénéficiaires des retombées économiques que va générer ce projet, les notables de Moanda continuent de jouer aux durs.

Une attitude qui n'est pas innocente car elle procèderait, d'après des indiscrétions, de leurs accointances avec la firme française Bolloré. Cette dernière qui a de bonnes raisons de redouter l'avènement d'un port de cet accabit en République démocratique du Congo (RDC) sait que cela va sérieusement empiéter sur celui de Pointe-Noire dans les marchés internationaux ainsi que dans les chaînes d'approvisionnement mondial.

Une fois achevé, le port de Banana disposera d'un quai de 600 m avec un tirant d'eau de 18 m, ce qui lui permettra d'accueillir les plus grands porte-conteneurs en circulation dans le monde tout en augmentant le nombre d'escales directes de ces navires en provenance d'Asie et d'Europe. Vu du Congo Brazzaville, ceci constituerait un manque à gagner pour le géant français Bolloré plus que jamais déterminé, d'après certaines langues, à faire échec à ce projet titanesque. Plusieurs sources concordantes locales allèguent, sans trop de conviction, que la firme française aurait soudoyé des notables Kongo dont quelques politiciens pour saborder ce projet moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes.

Grâce à Bolloré, Faut-il le dire, le terminal à conteneurs de Pointe-Noire s'est imposé comme le principal hub de l'Afrique centrale et porte d'entrée des deux Congo. Le port de Pointe-Noire se positionne aujourd'hui comme l'une des plateformes de transbordement les plus importantes en Afrique centrale. Or, la construction du port en eau profonde de Banana permettra à la RDC de disposer de son propre port et à exercer une certaine souveraineté sur ses échanges commerciaux, tout en mettant sérieusement en péril les intérêts du groupe Bolloré en Afrique centrale.

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