Dans un rapport publié jeudi 13 juillet, l'ONG de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch fait un appel aux autorités de Bamako sur les violences terroristes, après avoir documenté les « meurtres, viols et pillages à grande échelle » commis depuis le début de l'année dans le nord-est du Mali, principalement par la branche sahélienne du groupe État islamique. Human Rights Watch réagit aussi au départ de la Minusma, qui doit quitter le pays d'ici la fin de l'année.
Konga, Bourra, Labezzanga, Teguerert, entre autres : Human Rights Watch a travaillé sur huit cas précis d'attaques terroristes menées au cours des six derniers mois dans les régions de Ménaka et de Gao, où la branche sahélienne du groupe État islamique (EI) a lancé une vaste offensive il y a un an et demi contre son rival du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim). Ce dernier est lié au groupe al-Qaeda.
Les combats ont clairement tourné à l'avantage de l'EI dans cette partie du pays, tandis que le Jnim est le groupe terroriste le plus présent dans le centre du pays et dans d'autres parties du Nord. Trente-neuf témoins directs et une dizaine de représentants de la société civile, locale et internationale rapportent des attaques de villages par des terroristes à moto ou en pick-up.
Des villageois racontent avoir reçu des ultimatums de la part des combattants de l'EI, qui leur donnaient trois jours pour fuir sous peine d'être tous exécutés. Un témoin raconte des femmes violées par les terroristes, d'autres décrivent des exécutions sommaires, y compris de mineurs, de femmes et de personnes âgées. D'autres font part de vols de bétail, une ressource essentielle pour ces communautés d'éleveurs.
« L'armée malienne et la Minusma disposaient de forces dans les villes de Gao, de Ménaka et d'Ansongo », relève Human Rights Watch. Mais « contrairement à ce qui s'est passé dans le centre du Mali, les patrouilles de ces soldats sont restées limitées, tout comme leur capacité à protéger les civils en dehors des centres urbains ».
Human Rights Watch évoque plusieurs centaines de morts au total - sans avoir pu recouper de bilan plus précis - et des milliers de déplacés : plus de 375 000 selon les Nations unies. L'ONG appelle donc les autorités maliennes de transition à « redoubler d'efforts pour protéger les civils ».
Inquiétude en raison du retrait de la Minusma
S'inquiétant du retrait en cours de la Minusma qui doit s'achever d'ici fin décembre, l'organisation les appelle également à « collaborer plus étroitement avec les organismes régionaux et les gouvernements donateurs pour remédier au vide croissant en matière de sécurité et d'aide humanitaire ».
L'organisation de défense des droits de l'homme rappelle que la Minusma avait également pour mandat de faire le suivi des violations des droits de l'Homme au Mali. Elle recommande ainsi à Bamako de « continuer à travailler avec le bureau des droits de l'Homme des Nations unies et avec l'expert indépendant des Nations unies sur les droits de l'homme au Mali, Alioune Tine ».