Cote d'Ivoire: Chronique de Venance Konan - Panafricanisme et développement

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J'ai écouté récemment une vidéo de l'activiste français d'origine béninoise Kémi Séba, dans laquelle il déclarait qu'il préférait vivre à Bamako qu'à Abidjan.

La raison est que lorsqu'il vient à Abidjan, dit-il, il a l'impression de se retrouver dans une ville européenne. « Parce que l'Occident a colonisé ce pays à un degré qui dépasse l'entendement » Et de citer les enseignes « KFC » et « Mac Donald », symboles de l'Occident qu'il trouve à Abidjan, et qui, je suppose, n'existent pas à Bamako. Et il propose de venir à Abidjan plutôt que d'aller à Paris.

Et il continue en disant que lorsqu'il va au Mali, bien qu'il y ait de nombreuses coupures d'électricité, il se rappelle qu'il est dans un pays qui veut être libre. Et que la notion de développement dépend du peuple qui l'émet. « Le développement ne signifie pas Occident. Le développement ne signifie pas Abidjan ou Dakar, mais le développement signifie le développement de l'âme... La voie que le Mali suit est la voie à suivre pour tous les Africains. »

Après avoir écouté Kémi Séba, je me suis rappelé une vieille histoire enfouie dans ma mémoire. En 1979, alors que j'étais jeune étudiant, j'ai rencontré une jeune américaine qui était venue en voyage de découverte en Côte d'Ivoire. A cette époque, pour moi le vrai Africain était Sékou Touré qui avait dit « non » à la France. Et mon amie américaine pensait la même chose. Et, à force de nous intoxiquer l'un l'autre, nous avons décidé d'aller en Guinée.

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Nous nous sommes alors rendus à l'ambassade de Guinée qui se trouvait dans un immeuble du Plateau. L'homme qui nous reçut et à qui nous expliquâmes notre désir d'aller soutenir la révolution en Guinée, nous regarda avec perplexité. Il se demandait si nous étions seulement des gamins naïfs, idiots ou des provocateurs. A la fin, il eut sans doute pitié de nous et nous demanda d'aller bien réfléchir avant de revenir. Mon amie américaine rentra chez elle et j'oubliai cette étrange idée.

Donc, si j'ai bien compris Kémi Séba, ce qu'il reproche à la ville d'Abidjan, c'est d'être très développée, comme une ville occidentale, comme Paris. Qu'il sache qu'à l'intérieur du pays, nous avons aussi de très belles routes, une autoroute qui est en train de traverser tout le pays, d'autres qui sont en projet, de plus en plus d'hôpitaux, d'écoles, d'universités, de villages électrifiés et reliés au système d'eau potable.

Je reconnais qu'en certains endroits, nous avons encore des coupures d'eau ou d'électricité, mais les temps de coupures se réduisent de plus en plus et en tout cas, elles n'ont rien à voir avec celles du Mali. Eh bien, nous, Ivoiriens, nous remercions tout simplement le président Ouattara. Parce que c'est ce que nous attendions d'un président depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny. Un président qui parle peu mais qui construit, un président qui développe son pays, qui le fait accéder à tout le modernisme des pays occidentaux, tout en lui conservant son âme. Je crois savoir que le modèle de Kémi Séba est la Russie. Je ne sais pas s'il y a déjà été, mais avant que ce pays ne déclenche sa guerre avec l'Ukraine, on y trouvait aussi des « KFC » et des « Mac Donald. » Comme en Chine d'ailleurs.

Le hasard a voulu qu'avant que je ne découvre les propos de Kémi Séba, j'ai partagé le repas de la Tabaski chez un ami à Bassam et je me suis retrouvé à la table de deux Maliens qui venaient d'arriver de leur pays. Et le Mali qu'il m'ont décrit ne donne aucune envie à qui que ce soit d'aller y vivre, sauf s'il n'a pas d'autre choix et la possibilité d'aller ailleurs. Ils m'ont décrit un Mali où une dictature s'est installée et a supprimé toutes les libertés, où la vie des Maliens ne représente rien aux yeux des mercenaires russes qui protègent le pouvoir et pillent à grande échelle les ressources du pays.

Kémi Séba sait ce qu'il va chercher au Mali. Il n'a aucune envie d'y vivre. Il est seulement l'un des propagandistes des mercenaires russes de Wagner. Mais il n'a pas besoin d'énerver les Maliens en disant que la voie que suit leur pays est celle que devraient suivre tous les pays africains. Parce que de nombreux Maliens ne rêvent que d'une chose, venir vivre à Abidjan

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