Ce verdict, rendu la semaine dernière, exige un rapport détaillé sur l'argent réintégré suite aux détournements de l'ex-dirigeant Sani Abacha. Le tribunal a demandé des informations précises concernant les montants restitués au Nigeria, ainsi que leur utilisation.
Le juge James Kolawole Omotosho a notamment insisté pour obtenir des détails sur "les projets financés grâce à ces fonds, leur emplacement à travers le pays, et les noms des entreprises et entrepreneurs associés à ces projets". Il a également exigé des informations sur le rôle spécifique joué par des partenaires tels que la Banque mondiale et d'autres entités dans la réalisation de ces projets.
Une demande méritoire
Le tribunal, saisi par l'ONG Socio-Economic Rights and Accountability Project (SERAP) militant pour la transparence dans la gestion publique, a jugé que la demande de cette organisation concernant l'utilisation des fonds était "méritoire". En conséquence, le juge Omotosho a ordonné au ministère des Finances de fournir ces informations dans les sept jours suivant sa décision.
Le ministère des Finances, qui avait soutenu devant le tribunal qu'il n'y avait aucun intérêt à permettre à SERAP d'accéder à ces informations, a essuyé un revers majeur.
"Le refus du ministre des Finances de fournir à SERAP des informations sur l'utilisation de l'argent, ou de transférer la demande à l'administration publique en possession de ces informations, est une erreur fatale en vertu de l'article 5 de la loi sur la liberté d'information", a déclaré le jugement.
Cinq milliards de dollars de butin
Sani Abacha, qui a dirigé le Nigeria de 1993 à 1998, est accusé d'avoir détourné environ cinq milliards de dollars, selon Transparency International, une organisation de lutte contre la corruption. Ces fonds auraient été dissimulés dans des pays tels que la Suisse, le Royaume-Uni et les États-Unis.
Les gouvernements successifs des anciens présidents Obasanjo, Yar'Adua, Jonathan et Buhari ont tous oeuvré pour récupérer cet argent pendant plus de deux décennies. Le dernier remboursement est une somme de 23 millions de dollars provenant de Washington en août 2022.
Alors que le gouvernement a déclaré qu'une partie de cet argent serait utilisée pour des projets d'infrastructure, l'opinion publique nigériane reste sceptique, craignant une nouvelle dérive des fonds.
SERAP a adressé une lettre au nouveau président Bola Tinubu, affirmant qu'"en se conformant immédiatement au jugement, votre gouvernement démontrera aux Nigérians qu'il est différent du gouvernement Buhari, qui a constamment et effrontément défié le système judiciaire du pays".