Soudan: La CPI ouvre une enquête sur de possibles nouveaux «crimes de guerre» au Darfour

Karim Khan, Procureur de la Cour pénale internationale. (dossier)

Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan a annoncé jeudi 13 juillet au Conseil de sécurité des Nations unies l'ouverture d'une enquête sur de possibles nouveaux « crimes de guerre » au Darfour. D'après la juridiction, l'escalade des violences dans le pays après trois mois de conflit suscite une « grande préoccupation » et la CPI veut éviter que « l'histoire se répète » : au début des années 2000, la guerre civile au Darfour avait fait 300 000 morts.

Pour Karim Khan, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), ouvrir cette nouvelle enquête, c'est avant tout envoyer un message « à chaque belligérant qui possède une arme et pense qu'il peut en faire ce qu'il veut et s'en prendre aux civils », rapporte notre correspondante au siège de l'ONU à New York, Carrie Nooten.

Depuis le 15 avril, le conflit qui oppose les deux généraux au Soudan a déjà fait 3 000 morts et plus de 3 millions de déplacés. Au moins une fosse commune au moins aurait déjà été retrouvée, de nombreux pillages, incendies de maisons, d'exécutions sommaires ont été rapportés. Plusieurs ONG et experts avaient déjà tiré la sonnette d'alarme, Human Rights Watch ayant exhorté mardi 11 juillet la CPI à enquêter sur des « crimes de guerre » dans la région du Darfour, près de la frontière avec le Tchad.

Avec cette enquête, la CPI pourrait enregistrer de nouveaux crimes de guerre, et Karim Khan accuse déjà les autorités et les rebelles soudanais de ne pas coopérer assez avec ses services.

« Il est essentiel que tous ceux impliqués dans les hostilités reconnaissent -même tard- qu'ils doivent respecter leurs obligations vis-à-vis du droit international. Il ne peut plus y avoir d'excuses, de faux-fuyants, de justifications à ce qui est intolérable et injustifiable, et qui cible les gens les plus vulnérables de l'humanité. »

Le procureur a en tout cas demandé à ses équipes de traiter en priorité les « crimes contre les enfants, aux crimes sexuels et aux violences basées sur le genre ».

Le Conseil de sécurité avait déjà saisi la CPI en 2005, et celle-ci avait émis un mandat d'arrêt contre trois anciens dirigeants, dont l'ancien leader soudanais Omar el-Béchir pour « génocide » et « crimes contre l'humanité » - mais ils n'ont jamais été remis à la CPI.

« La phrase trop souvent répétée de "plus jamais ça" doit signifier quelque chose »

« Nous risquons (...) de permettre à l'Histoire de se répéter ; la même histoire épouvantable qui a poussé ce Conseil à saisir la CPI en 2005 de la situation au Darfour », a lancé jeudi Karim Khan. « La phrase trop souvent répétée de "plus jamais ça" doit signifier quelque chose, ici et maintenant, pour les populations du Darfour qui vivent dans l'incertitude et la souffrance, avec les cicatrices du conflit, depuis près de deux décennies », a-t-il insisté devant le Conseil.

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