Thiès — La rougeole est « revenue en force », avec plus de 400 cas enregistrés à l'échelle nationale, a indiqué mercredi à Thiès, le Docteur Boly Diop, responsable de surveillance épidémiologique et post-vaccinale au ministère de la Santé et de l'Action sociale.
»Les performances pour le premier semestre ont révélé l'existence d'une épidémie de rougeole », a dit le Docteur Boly Diop, selon qui, Fatick est la seule des 14 régions du pays qui n'a pas encore enregistré de cas confirmé de rougeole.
»En dehors de Fatick, toutes les régions ont des cas confirmés de rougeole et il y a des districts qui sont entrés en épidémie. Ça veut dire qu'aujourd'hui, la rougeole est revenue en force, il y a des cas confirmés et des épidémies qui sont enregistrées un peu partout dans les région », selon lui.
Le Docteur Boly Diop s'adressait à la presse, en marge d'une réunion de coordination trimestrielle de surveillance épidémiologique, une rencontre qui se tient de façon tournante dans les régions. Thiès, région hôte cette fois-ci, reçoit 90 participants, notamment des responsables sanitaires, venus des 14 régions du pays.
»Pour le moment, on est à 410 cas confirmés de rougeole sur l'ensemble du pays », a dit le responsable, qui précise que la région de Diourbel arrive en tête avec »plus de 200 cas ».
La recrudescence de la rougeole est »notée au plan mondial », a précisé le Docteur Boly Diop, selon qui, elle s'explique par les »contreperformances » des systèmes de santé, liées à l'impact de la covid. Le confinement a empêché les mères d'aller faire vacciner leurs enfants et les soignants s'étaient focalisés sur la vaccination contre la covid au détriment de celle de routine.
A ce jour, des ripostes contre la rougeole sont organisées au niveau local par les districts, a-t-il renseigné, non sans annoncer que le pays a planifié une riposte »d'envergure nationale », prévue courant mois de novembre.
»Il va falloir commander plus de vaccins, avoir plus de moyens logistiques et financiers », a fait valoir le Docteur Boly Diop.
Il a été préconisé de renforcer la surveillance de routine, tout comme le Programme élargi de vaccination (PEV) de routine, consistant à rechercher les enfants pour les vacciner et les protéger contre la rougeole et les autres maladies évitables par la vaccination. C'est le cas de la poliomyélite, des méningites, de la fièvre jaune.
La réunion trimestrielle de Thiès intervient dans un »contexte particulier », avec la détection depuis avril du premier cas de fièvre Crimée Congo au Sénégal, notamment à Dakar, a relevé Boly Diop.
Le Sénégal en est à son troisième cas de fièvre hémorragique Crimée Congo, confirmé lundi dernier, et qui est pris en charge actuellement à l'Hôpital Dalal Jamm de Dakar. Selon lui, le malade détecté après les célébrations liées à la Tabaski, a été isolé de précocement et est »dans les meilleures conditions pour être guéri ».
»Les investigations sont en cours et le mal est bien cerné et les contacts sont en train d'être tracés », a-t-il rassuré.
Aucun cas de poliomyélite, ni de fièvre jaune n'a été noté depuis le début de l'année, a-t-il dit.
Ces réunions périodiques sont des moments de partage avec le niveau national sur les performances en matière de surveillance des maladies évitables par la vaccination. Il s'agit des cas de rougeole de poliomyélite, de fièvre jaune et d'autres maladies à potentiel épidémique, comme la fièvre hémorragique virale, la méningite, la diarrhée sanglante.
Une fois les performances déclinées et partagées avec le niveau central, il s'ensuivra une phase d' »analyse sans complaisance » de ces prouesses, ainsi qu'une identification des défis à relever pour les trois prochains mois.
Il sera question de stratégies d'amélioration de la couverture vaccinale, en tenant compte des spécificités de chaque district, a-t-il dit, précisant que la solution viendra de ces districts, le niveau central, se contentant d'apporter les moyens financiers.
En plus des cas de fièvre hémorragique, des cas confirmés de chikungunya ont fait l'objet d'une riposte.
»L'OMS a déclassifié la covid qui n'est plus une urgence de santé publique, mais elle a recommandé aux pays d'être vigilants par rapport à cette surveillance », a dit le Docteur Boly Diop, qui note que le Sénégal a mis en place un dispositif de surveillance de la covid.
»A l'heure où nous parlons, il n'y a pas de nouveau variant qui circule », a-t-il dit, relevant que le pèlerins qui reviennent de la Mecque avec des symptômes sont suivis. Le système reste alerte toutefois par rapport à la covid classique qui continue de circuler.