Ile Maurice: Hippisme / Bande sonore attribuée à Vincent Allet - Les dessous de l'affaire

Une virulente altercation aurait eu lieu entre l'entraîneur et Khulwant Ubheeram, au téléphone. Cet échange, partagé sur TikTok, intitulé «Vincent Allet insulte Lee Shim», est le «talk of the town». Voici les raisons sous-jacentes.

Que se passe-t-il exactement au Champ-de-Mars ? Avant d'aller en profondeur sur les dessous de cette affaire, précisons qu'aucun des protagonistes concernés n'a, jusqu'ici, affirmé ou infirmé avoir tenu de tels propos.

La pomme de discorde concerne les training fees que souhaiterait introduire People's Turf Plc (PTP). On parle d'une somme de Rs 1 000 mensuellement pour chaque coursier payable à PTP pour assurer l'entretien de la piste du Champ-de-Mars. Quelque chose qui, nous rapporte un proche de PTP, «se faisait du temps où le MTC organisait les courses».

On peut entendre sur la bande sonore, dont la voix est attribuée à Vincent Allet : «Zot fer seki zot anvi zot!» L'entraîneur Allet ne serait pas d'accord avec la quantité de sable que la PTP se targue d'avoir déversé sur la piste : «Si zot inn met 200 tonn disab dan san de mars mo rant l**.» Les auteurs de l'enregistrement de cette vidéo n'ont pas hésité à donner une tournure communale à cette phrase attribuée à Allet. Reste qu'à la lecture des commentaires en dessous de cette vidéo partagée plus de 2 000 fois, ce n'est pas Allet qui est vilipendé...

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Plus loin, on entend supposément l'entraîneur qui semble répondre à une provocation inaudible sur la bande. «Ki mo pu fer? » «Taler mo k** to l* vi g** !» Une litanie d'insultes lancée à Jean-Michel Lee Shim ! Une autre voix, attribuée cette fois au Chief Executive Officer (CEO) de PTP, Khulwant Ubheeram, a répondu «Mr Allet. Ou pe zour mw...» Inutile d'aller plus loin dans les détails. L'échange, vous l'aurez compris, a été bien acerbe.

Plusieurs entraîneurs au Champ-de-Mars trouvent la demande de PTP en faveur de training fees «aberrante», surtout après avoir réduit le stake money tout dernièrement. Car, si le MTC le faisait dans le passé, à hauteur «de Rs 500 pour le Champ-de-Mars et Floréal», la Mauritius Turf Club Sports and Leisure (MTCSL) avait abandonné cette pratique l'an dernier.

Cela, parce que, selon le MTC, la MTCSL avait diminué le stake money tandis que PTP, à travers une source non officielle, nous explique que la MTCSL n'a pas pris de training fees pour la bonne et simple raison que «PTP et MTCSL se partageaient les coûts pour l'entretien de la piste».

Cette guéguerre entre PTP et les entraîneurs jugés proche du MTC dure depuis un moment déjà. On peut avoir un aperçu dans l'organe de presse de PTP où trois entraîneurs en particulier, dont Vincent Allet, en prennent pour leur grade.

Un autre coup de gueule a eu lieu samedi après la victoire de The Gatekeeper. Abhishek Gujadhur, le fils de l'entraîneur Subiraj Gujadhur, a fait savoir, à qui de droit, que son écurie n'est pas une betting stable. Il a souhaité rétablir certains faits à la suite de l'interview polémique du CEO de PTP pour justifier la baisse du stake money.

Mieux ! Certains à la rue Shakespeare accusent PTP d'avoir réduit le stake money pour ne pas avoir à décaisser trop en faveur de ces écuries. D'autant plus que ces dernières ont sans doute les meilleurs chevaux de l'île et devraient encore rafler plus de courses.

Face à ces accusations, PTP a répondu, histoire de reprendre ce que Khulwant Aubeeram a déjà mentionné dans sa conférence de presse, que «la décision de réduire le stake money a été prise en raison des difficultés financières de l'industrie hippique».

Éclairage I Démission : pourquoi le chef de sécurité de PTP a raccroché la cravache

Sa décision avait été prise à la fin de la dernière journée de courses. Sanraj (Koowar) Damadarsing a soumis sa démission. Il n'est plus le Head of Security de People's Turf Plc (PTP). C'est désormais Mahess Ramkissoon qui a été nommé à ce poste. Les raisons derrière ce désistement - le deuxième de Sanraj Damadarsing en 2023 ! - seraient multiples. Ce n'est pas faute d'avoir essayé d'obtenir la version du démissionnaire, mais la démarche est restée vaine. Même son de cloche du côté de PTP où l'on s'est contenté de dire : «Il a évoqué des raisons familiales» ou «il était fatigué de se lever à 4 heures du matin pour venir travailler»...

«L'au revoir» de Sanraj Damadarsing n'est pas une première cette année. Il avait soumis sa démission au lendemain des événements liés à l'affaire Tomorrow's Vision en avril. Rappelons que l'ancien responsable de sécurité de PTP avait porté l'affaire à la Horse Racing Division (HRD) après qu'un des agents de sécurité de PTP a dénoncé une pratique non autorisée de l'écurie Nagadoo le matin des courses.

Revenons pour le moment à l'affaire Tomorrow'sVision. Une source proche de Sanraj Damadarsing a évoqué des pressions qui auraient été exercées sur le dénonciateur. «On lui disait qu'il ne devait pas se rendre à la HRD.» De plus, des messages auraient été échangés sur un groupe WhatsApp regroupant les entraîneurs et les officiels de PTP, exprimant leur solidarité avec l'entraîneur Nagadoo. C'est la raison évoquée pour expliquer le retrait initial de Damadarsing. Si le CEO de PTP, Khulwant Ubheeram, n'avait pas réussi à le convaincre de reprendre le travail, l'intervention de Jean-Michel Lee Shim lui-même a été nécessaire pour le faire changer d'avis la première fois.

En quoi consiste exactement le travail de Sanraj Damadarsing ? En plus d'aider lors des séances d'entraînement au Champ-de-Mars et auparavant à Petit Gamin, il était responsable de la sécurité de PTP. Il était chargé d'accompagner les vétérinaires lors de leurs rondes dans les écuries. La collecte d'échantillons par les membres de la HRD était également sous sa responsabilité, tout comme la supervision de l'équipe composée d'agents et d'autres gardiens de nuit. Ce n'est un secret pour personne au Champ-de-Mars que l'ancien Head of Security se plaignait souvent de l'amateurisme du nouvel organisateur de courses. Homme d'expérience qui comptait des années de travail au Mauritius Turf Club (MTC), dont il a pris sa retraite peu de temps après l'affaire League Of Legends en 2019, il aurait soutenu que la différence de niveau était flagrante. Cependant, il était désireux d'apporter sa contribution et d'aider la nouvelle équipe en place à PTP à «faire les choses correctement».

Outre l'amateurisme de certains à PTP, il aurait surtout été confronté, selon une source qui a travaillé avec lui, «à l'attitude laxiste de certains employés vis-à-vis de leurs supérieurs hiérarchiques à PTP. Ils n'écoutaient pas lorsqu'il leur donnait des instructions. Ces personnes agissaient comme si elles étaient protégées par le grand patron». Qui plus est, ajoute-t-on, «lorsqu'il disait que la piste n'était pas bonne et qu'il fallait l'arroser, ils n'écoutaient pas ! Il fallait qu'il se fâche pour qu'ils décident de bouger».

Départ précipité ?

Une autre affaire, impliquant une fois de plus les Nagadoo, a récemment retenu l'attention. En effet, la HRD a ouvert une enquête sur la décision des Nagadoo de renvoyer de leur propre chef le cheval One Day Or Day One à Petit Gamin dès son arrivée à Port-Louis, un jeudi matin, soit deux jours avant la 15e journée de courses à laquelle il devait participer. Cette décision a entraîné l'annulation pure et simple d'une course.

La HRD de Moodley a reproché à Praveen Nagadoo d'avoir «scratché» le cheval de sa propre initiative, alors que le règlement stipule que cela relève du vétérinaire ou d'un responsable de la HRD. Bien que les Nagadoo aient affirmé que le cheval s'était blessé dans le véhicule lors de son transport à Port- Louis, ce qui a motivé sa décision de le ramener à Petit Gamin, la vétérinaire Marie Claire Domaingue n'a détecté aucune blessure liée à une prétendue chute. Il n'est pas nécessaire d'en dire plus sur cette affaire, si ce n'est que la Dr Domaingue n'a pas été informée de l'état du cheval depuis son arrivée au Champ-de- Mars à 7 heures, alors que l'entraîneur Nagadoo était présent. Il aurait également été possible d'appeler la vétérinaire à 4 h 30, lorsque cet incident s'est produit, mais cela n'a pas été fait non plus...

Avec des versions divergentes entre la Dr Domaingue et les Nagadoo, en particulier sur ce qui a été dit à Port-Louis, le chief stipe et la HRD a souhaité entendre la version du Head of Security. Ce dernier avait, entre autres, accompagné la vétérinaire dans l'écurie des Nagadoo. On dit que des pressions ont été exercées sur l'ancien Head of Security pour qu'il prenne le parti de l'entraîneur Nagadoo lors de cette enquête. Pourquoi vouloir le retrait de One Day Or Day One et ainsi exercer une supposée pression pour protéger l'entraîneur Nagadoo ?

Impossible de répondre avec certitude à cette question, d'autant plus que les principaux acteurs de l'affaire n'ont pas communiqué à ce sujet. Cependant, il se dit, notamment du côté de la rue Shakespeare, que le cheval a été retiré pour annuler la course et ainsi «ne pas verser de stakesprice aux écuries qui ne sont pas proches de PTP». Du côté de PTP, on rejette ces «absurdités. Aucune pression n'a été exercée sur M. Damadarsing !»

De plus, il aurait «formé un assistant en la personne de Mahess Ramkissoon pendant plusieurs mois avant de partir». Quant au retrait de One Day Or Day One, les proches des Nagadoo sont très clairs : «Il s'est blessé et son entraîneur n'a pas voulu prendre le risque de le garder à Port-Louis, car le cheval ne voulait pas non plus descendre du van.»

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