Nous sommes au lieu-dit « Rond-point Mobil omnisport » dans l'arrondissement de Yaoundé V. C'est sous un soleil de plomb que les « motorboys » sont à la quête de passagers. « Fougerole, Eleveur, Nkolfoulou, Soa. Allons », s'écrient-ils. Pour avoir une place dans les minibus blancs frappées de deux bandes jaune et verte, un billet d'embarquement ne sera pas nécessaire car il faudra juste payer 300Fcfa en monnaie chez le convoyeur.
Malgré la portière coulissante défectueuse soutenue par une barre de fer soudée, les sièges abimés et une fenêtre manquante remplacée par du carton, les passagers font le plein du véhicule. A 13h27, le départ pour la ville universitaire de Soa est imminent. Le car qui part, aura 22 passagers à bord et non 20 conformément au nombre de place prévu. Le ronflement incessant du moteur du minibus va contraindre Awono Nguina, étudiant à l'université de Yaoundé II à mettre ses kits oreillettes.
« Les premières fois que vous empruntez ces véhicules vous êtes un peu frustrés. Mais avec le temps vous vous habituez à la routine. Moi je porte toujours mes écouteurs et j'écoute la musique ; cela me permet d'entre mieux installé », indique-t-il. Avec une ambiance disjointe entre sommeil, papotage et musique, chaque passager y va de sa manière. En plus de l'état de surcharge du véhicule et des bagages encombrants placés sous les sièges, au bout de dix minutes de route, les passagers sont indisposés par la chaleur, tandis que le convoyeur somnambule. « Ouvrez la fenêtre de devant, car celle-ci ne peut pas s'ouvrir », fulmine une passagère.
Quelques discordes se font ressentir entre les passagers inconfortables, qui reprochent à leurs voisins d'occuper toute la place. Le premier arrêt marqué à Nkolfoulou, lieudit nouvelle Tradex, va permettre de libérer deux sièges, qui seront aussitôt occupés par deux nouveaux passagers. « Pour éviter d'être mal à l'aise dans les cars, il serait mieux d'emprunter les taxis qui coutent 500Fcfa, et cela est un peu couteux pour nous les étudiants », renseigne Maurice Selatcha, étudiant à l'université de Yaoundé II.
Véhicules de fortune
Le long du trajet, l'uniformité de la route aura permis aux passagers, de ne pas aggraver le calvaire dans le véhicule. A l'entrée de la commune de Soa, l'ambiance des débits de boisson réveille les passagers endormis. Les fenêtres grandement ouvertes facilitent l'aération du véhicule par les courants d'air frais. Après une heure et demi assis dans les véhicules de fortune, il est probable de contracter les crampes, et d'avoir les jambes ankylosées. Rappelons que le 24 mars dernier, le défaut de frein d'un de ces véhicules a causé la mort de l'étudiante Audrey Orcelle Kameni, lors d'un accident de la route. Depuis sa création en janvier 1993, l'université de Yaoundé II ne possède toujours pas un système de transport développé.