Mali: Changement contesté à la tête du Gatia, groupe armé touareg signataire de l'accord de paix

Dans un document du 10 juillet, le Groupe d'autodéfense touareg imghad et alliés (Gatia) indique aux autorités maliennes qu'un nouveau bureau a été mis en place, avec un nouveau secrétaire général à sa tête. Le Gatia est l'un des groupes armés du Nord signataires de l'accord de paix de 2015, membre de la Plateforme qui a toujours défendu l'unité du Mali. Mais le dirigeant historique conteste ce qu'il qualifie de « mascarade » et dénonce une manoeuvre des autorités de transition.

Youssouf Ag Mohamed a personnellement écrit au ministre malien de la Réconciliation nationale, le Colonel Ismaël Wagué, pour lui faire part de sa nomination comme nouveau secrétaire général du Gatia, à la tête d'un bureau pléthorique de 65 membres. Dans sa lettre, il critique avec virulence son prédécesseur, Fahad Ag Almahmoud, pour ses « défaillances de gestion » et son « travail clivant et parcellaire [...] aux effets dévastateurs sur la paix ».

Mais Fahad Ag Almahmoud conteste : selon lui, son mandat court jusqu'en 2024. Il dénonce une « tentative d'usurpation » et demande au ministre Wagué de ne pas agir « hors de ses prérogatives » en choisissant de reconnaître ce nouveau bureau. Il affirme au passage que certains membres de ce nouveau bureau n'ont pas même été consultés. Ce changement dont le ministère a pris acte deux jours plus tard, adressant même ses « félicitations » au nouveau bureau.

Plusieurs sources au sein des deux « camps » du Gatia partagent au moins la même explication : le secrétaire général historique du Gatia est devenu trop critique des autorités de transition. Son implication au sein du CSP (Cadre stratégique permanent), structure qui rassemble les groupes armés signataires de l'accord de paix, en conflit ouvert avec les autorités de Bamako, serait également la cause de sa disgrâce. Et la raison pour laquelle le général El Hadj Ag Gamou, Touareg de l'armée malienne et fondateur du Gatia, aurait souhaité le débarquer.

Orchestré par le ministre Wagué, selon Fahad Ag Almahmoud

Joint par RFI, Fahad Ag Almahmoud dénonce une manoeuvre orchestrée, selon lui, directement par le ministre Wagué. Également sollicités, le ministère et Youssouf Ag Mohamed, chef du nouveau bureau, n'ont pas souhaité commenter. Quant au CSP, qui rassemble les groupes signataires, il n'a pas communiqué officiellement, mais l'un de ses cadres est catégorique : « c'est Fahad que nous reconnaissons. »

Un imbroglio qui ne va pas faciliter la reprise des discussions entre les groupes armés et le gouvernement pour la relance de l'accord de paix de 2015. Cela complexifie encore davantage la tâche d'une médiation internationale déjà mise à l'épreuve par des mois de tension sans perspective immédiate d'apaisement... et par la fin de la Minusma, qui était la cheville ouvrière des mécanismes de suivi de l'accord de paix.

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