pour une bonne nouvelle c'en est une. Le projet Ambatovy annonce avoir versé à l'État la somme de 198 milliards d'ariary à titre de redevances, impôts et taxes.
En outre le plus grand projet minier du pays a dépensé en 2022 la somme de 1560 milliards ariary en achat de biens et services. Tout compte fait les 2% de redevances décriées par une partie de l'opinion équivaut à une somme colossale. Si ce montant était régulier en dix ans, la pauvreté aurait reculé. Du moins s'il a été utilisé à bon escient. C'est une autre paire de manche. On connaît la malédiction du pétrole des pays producteurs comme le Nigeria, le Gabon ou l'Angola dont la situation économique n'est guère flamboyante étant donné que ce sont les dirigeants qui en profitent, il y a aussi la malédiction des mines dans certains pays.
Le revenu tiré du secteur extractif ne va pas souvent la où il faut et il est normal que l'opinion ainsi que certaines autorités estiment que les industries minières sont d'aucun intérêt pour le développement. Or il est bien clair que si l'argent des mines est bien géré, l'impact sur l'économie et le niveau de vie de la population sera réel. Avec 198 milliards ariary on peut organiser l'élection présidentielle sans quémander le basket fund. Avec 1560 milliards ariary on peut se passer de la Facilité élargie du FMI dont l'obtention est assortie de contraintes et de conditionnalites précises.
On peut sauver la Jirama et éponger sa dette. On peut refaire toutes les routes sans s'agenouiller devant l'assistanat international. On peut payer tous les arriérés des enseignants-chercheurs, des vacations des professeurs et instituteurs, les bourses d'étudiants, les prestataires des travaux publics... Quand on y ajoute les 2760 milliards ariary rapportés chaque année par l'exportation de vanille, du litchi, les recettes d'exportation de l'or, du girofle, les recettes de l'industrie touristique ... on ne devrait pas avoir le moindre problème.
Ratsiraka avait pour idéal de compter sur ses propres forces et il avait raison. On peut très bien réussir le développement sans recourir à la mendicité. Reste donc à savoir comment cet argent va être utilisé. Il n'y a pas justement un manuel de procédure pour le dépenser. Le projet Ambatovy verse l'argent au Trésor public mais il appartient aux organismes de contrôle financier de voir comment il a été utilisé. Il appartient à l'État de définir les priorités dans l'affectation de cette somme.
C'est là qu'on perd son latin étant donné que jusqu'à présent aucun rapport n'a été utilisé à propos de l'argent des mines. Il est peut-être noyé dans les recettes de l'Etat dans la loi des finances et ne laisse aucune trace par la suite. En tout cas, le projet Ambatovy montre qu'il est profitable au pays et que s'il y a trois ou quatre de son envergure, le développement peut aller au-delà des discussions et des promesses. Malheureusement, on voit souvent plutôt les points négatifs que les avantages que l'industrie minière apporte. Pourquoi faire un code minier si on fait tout pour décourager les investisseurs?