Gabon: L'opposition s'indigne après un changement d'une loi à six semaines de la présidentielle

Plusieurs candidats, chefs de partis et membres de la société civile ont protesté au Sénat gabonais contre la modification de la loi électorale votée jeudi 13 juillet, à seulement 6 semaines des élections générales. L'opposition à Ali Bongo conteste la mesure instaurant que dans les bureaux de vote, il n'y aura plus que deux représentants du pouvoir, deux de l'opposition et un pour les indépendants. L'enveloppe des bulletins de vote sera également modifiée. L'opposition crie au coup d'État électoral, alors que le président est candidat à un troisième mandat.

Dans un moment parfois tendu devant le Sénat, les opposants ont exprimé leur ferme désapprobation contre la réforme électorale. Auparavant, chaque candidat avait un représentant dans chaque bureau de vote. Désormais, il y en aura deux pour le pouvoir, deux pour l'opposition et un pour les indépendants. Beaucoup de candidats ne pourront donc ni envoyer leurs équipes surveiller le vote, ni recevoir copie du procès-verbal.

Ensuite, l'enveloppe « accolée » disparaît. Cette enveloppe double permettait à l'électeur d'y mettre le bulletin de vote d'un côté et tous les autres bulletins de l'autre. Le tout glissé dans l'urne. Une mesure prise en 2002 pour limiter les achats de vote.

« Nous désapprouvons la manière dont les lois se font et se défont en catimini, s'indigne Alexandre Barro-Chambrier, candidat du parti RPM. Il n'est pas acceptable que, à la veille d'une élection, le gouvernement se permette encore de triturer les lois pour faciliter les actes de fraude. Ça, nous ne pouvons pas l'accepter. »

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Les forces de l'ordre ont empêché les opposants d'entrer dans le bâtiment, entraînant des échanges parfois vifs. Des faits déplorés par Paulette Missambo, candidate de l'Union Nationale : « Nous sommes des citoyens, des chefs de partis, des candidats à la présidentielle et on nous reçoit comme des malpropres. Alors que le Sénat est la maison du peuple. »

L'opposition n'en restera pas là et a promis de déposer un recours contre la réforme devant la Cour constitutionnelle.

Le pouvoir condamne une attitude « populiste », « qui vise à créer un climat de psychose »

Cette montée au créneau de l'opposition a fait réagir le Parti démocratique gabonais. Le Parti démocratique gabonais (PDG), parti d'Ali Bongo, a condamné cette sortie de l'opposition dans une déclaration lue dans la soirée par son secrétaire-général Steeve Nzegho Dieko, selon des propos recueillis par notre correspondant à Libreville, Yves-Laurent Goma :

00:43 Le secrétaire-général du PDG au pouvoir Steeve Nzegho Dieko condamne l'attitude « populiste » de l'opposition, « qui vise à créer un climat de psychose au sein de la population »

Yves-Laurent Goma Selon François Ndong Sima, président de la plateforme Alternance 2023, demande qu'on annule cette réforme, car « c'est le gouvernement qui va choisir la personnalité qui représente l'opposition, ce qui n'est pas sécurisant du tout ».

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