Tunisie: Monuments en péril

15 Juillet 2023

Aprés que le Palais présidentiel de Skanès dont les immenses jardins ont été cédés aux promoteurs immobiliers a été défiguré, la municipalité de Monastir a accordé une autorisation de bâtir à un autre projet immobilier se situant à 50 mètres derrière le mausolée de Bourguiba.

Pourtant, les spécialistes du ministère des Affaires culturelles et l'Institut national du patrimoine (INP) avaient inscrit le mausolée en tant que monument classé non seulement pour sa beauté architecturale mais aussi pour sa symbolique et la riche histoire qu'il véhicule.

Ce qui a provoqué un tollé, fait couler beaucoup d'encre sur les réseaux sociaux et mis en émoi la société civile de Monastir qui est allée jusqu'à porter plainte en vue d'annuler la funeste décision des autorités locales. Fort heureusement, la justice a ordonné de suspendre les travaux de construction de ce bâtiment de quatre étages sur un lot de terrain situé derrière le mausolée de Bourguiba car elle constitue une violation du Code de protection du patrimoine qui interdit toute construction sans l'accord préalable de la partie en charge du patrimoine. Toutefois, sans cette mobilisation de la société civile, ce monument aurait pu être défiguré malgré son importance.

L'on se demande d'ailleurs pour quelles raisons le parquet ne s'est pas saisi de l'affaire dès le début des travaux. Fallait-il attendre qu'il y ait des plaignants pour agir ? Que dire des autres atteintes aux sites et monuments de grande valeur historique et qui subissent régulièrement des agressions dans des régions où il n'y a pas d'activistes ou de défenseurs du patrimoine ?

Dans ces régions, la justice n'est pas sensible aux violations récurrentes et concentre ses efforts uniquement sur la lutte contre les trafiquants de pièces archéologiques, alors que d'autres agresseurs continuent à avoir les coudées franches. Un monument comme le colisée d'El Jem, encerclé par des constructions, illustre ce laisser-aller dans notre pays. Il est grand temps de mettre fin à ces pratiques dont les auteurs ne respectent pas le patrimoine et sévissent à leur guise.

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