La République Démocratique du Congo est un « Pays-Solution » grâce à son immense massif forestier, estimé à 145 millions d'hectares (ha) pouvant séquestrer un stock de carbone évalué à 40 Gigatonnes (Gt) équivalant à 140 Gt d'émissions potentielles de CO2, selon les études faites par les grandes institutions spécialisées en la matière ainsi que la société civile congolaise. Cependant, ce potentiel pour la préservation des forêts en vue de lutter contre les effets du changement climatique à travers le monde est confronté à l'institution du marché mondial du crédit carbone dont le prix moyen de la tonne de CO2 se négocierait entre 5 dollars la tonne pour les pays du sud dont la RDC et 100 dollars pour les pays du Nord et d'Asie.
Cette injustice sur le marché a poussé les organisations de la société civile a organisé une journée d'échanges sur le crédit carbone sous le thème : " Parlons crédit carbone en RDC", le mercredi 12 juillet 2023 à l'immeuble de la Territoriale (ex: Tembe na Tembe).
Organisée par le Centre National d'Appui au Développement et à la Participation Populaire ( Cenadzp), cette rencontre était sanctionnée par une déclaration lue par sa directrice générale, Me Gabrielle Pero. Ayant connu comme panelistes le Prof Malasi, Dircab du Ministre de l'Environnement et Développement durable;Jean Jacques Kayembe, Coordonateur national de l'ITIE; Olivier Mushete, IBI Village,Guy Kajemba, Coordonateur du GTCR Jean Jacques Bumbuta, Directeurs Réné Ngongo, Pero Gabrielle, Dg CENADEP , elle avait pour objectif général de rentabiliser les efforts de la RDC dans la préservation et la conservation de la forêt, qui est un secteur important dans la lutte contre le changement climatique d'une part, mais aussi, de faire
comprendre aux OSC, tous les enjeux liés au crédit carbone et relancer le débat sur cette question de prix de carbone pour le prix juste et équitable; Comprendre et discuter sur les perspectives de la RDC sur la normalisation du secteur-crédit carbone afin d'explorer les pistes de solution pour réduire le déséquilibre sur le prix de la tonne de carbone entre les différents pays.
Une déclaration qui réveille les esprits
On note que le plaidoyer du chef de l'État, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, lors de la dernière édition de la Conférence des organes techniques de la Convention-Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC) tenue à Bonn en juin 2023, prône l'équité dans la fixation du prix de vente de crédit carbone, car la RDC et ses communautés locales ne captent pas suffisamment de ressources issues de la vente de crédit carbone à la hauteur des
efforts de préservation consentis pour booster le développement durable et contribuer à l'action climatique.
La société civile congolaise invite le Secrétariat exécutif de la CCNUCC à assurer la transparence et l'équité dans la fixation du prix de crédit carbone pour tous les Etats parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
Elle salue la réforme initiée par le gouvernement en prévoyant la mise en place de l'autorité de régulation de marché de crédit carbone; adopter une politique nationale sur le climat ; d'élaborer avec toutes les parties prenantes une stratégie nationale sur le crédit carbone ; de rendre opérationnelle l'autorité de régulation de marché du crédit carbone ; d'instituer un Registre National carbone en vue de permettre à la RDC d'avoir une main mise sur le marché de crédit carbone et enfin de règlementer la clé de répartition des revenus issus de la vente de crédit carbone .
Face à cette situation, la société civile s'est engagée à : mettre en place l'observatoire sur le marché carbone en RDC ; sensibiliser la population aux effets de la crise climatique et aux enjeux du marché carbone en RDC ; redynamiser les Comités Locaux de Développement et de Conservation Communautaire (CLDC) et enfin organiser les consultations nationales et provinciales sur les enjeux du changement climatique et les rôles de la RDC en tant que pays-solution.