La justice marocaine va diligenter une commission rogatoire en France dans le cadre du scandale sexuel visant Jacques Bouthier et plusieurs de ses collaborateurs au Maroc. « La cour de Tanger a accepté notre demande » et « la procédure est en cours », a indiqué samedi 15 juillet Maître Aïcha Guellaa, présidente de l'Association marocaine des droits des victimes (AMDV) et avocate des parties civiles.
L'ancien patron français de 76 ans et plusieurs de ses collaborateurs, accusés notamment de viols et d'agressions sexuelles, sont toujours dans le viseur de la justice marocaine. La commission rogatoire requise par la Cour de Tanger aura pour but d'auditionner Jacques Bouthier, qui est parallèlement mis en examen en France pour, entre autres, « traite d'êtres humains » et « viols sur mineure », explique Me Aïcha Guellaa. Jacques Bouthier, ex-PDG du groupe de courtage en assurance Assu 2000, a été libéré sous caution et placé sous contrôle judiciaire pour raisons médicales en mars 2023, après dix mois de détention.
« La justice française n'a pas eu le courage face à la pression pécuniaire (...), elle n'a pas eu le courage de le poursuivre en état de détention », déplore l'avocate, qui ajoute « nous n'avons pas d'espoir que la justice française puisse rendre justice aux victimes ».
Si Jacques Bouthier n'est pas poursuivi à ce stade au Maroc, huit de ses collaborateurs - six Marocains, dont deux femmes, et deux Français - sont sous le coup de poursuites pour « traite humaine » et « harcèlement sexuel », « incitation à la débauche » et « non dénonciation de crimes tentés ou consommés ». Quatre d'entre eux sont actuellement en détention tandis que les autres sont en liberté provisoire. Leur procès doit reprendre le 25 juillet devant la chambre criminelle de première instance de la Cour d'appel de Tanger.
L'affaire Bouthier a été enclenchée au Maroc après des plaintes d'anciennes employées, déposées en juin 2022 à Tanger. Les faits présumés se sont produits entre 2018 et avril 2022 dans des succursales du groupe Assu 2000, dirigé à l'époque par Jacques Bouthier. Au total, six plaignantes se sont constituées partie civile. Elles ont témoigné de harcèlement sexuel systématique, de menaces et d'intimidations au sein du courtier en assurance à Tanger, dans un climat de précarité sociale. Des confessions rares au Maroc où les victimes d'abus sexuels sont souvent stigmatisées par la société.