Dakar — Les sujets relevant de la politique sont les plus en vue dans la livraison de samedi des quotidiens dont plusieurs reviennent sur le report de la cérémonie devant consacrer l'investiture de l'opposant Ousmane Sonko à la présidentielle de 2024.
Le gouverneur de Dakar, Al Hassan Sall, invoquant « de réels risques de troubles à l'ordre public », avait interdit tout rassemblement, alors que le parti Pastef avait de se retrouver ce samedi pour désigner officiellement M. Sonko comme son candidat.
Ce dernier, condamné à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse », court le risque de voir sa candidature invalidée, selon plusieurs spécialistes et des avocats.
« Sonko diffère son investiture » et »invite ses partisans à la retenue », après la décision du gouverneur de Dakar d'interdire tout rassemblement, rapporte le journal Le Quotidien. Il appelle, en lieu et place, à un »concert de casseroles », indique Enquête.
»Nous avons largement le temps de procéder à cette cérémonie [d'investiture] », justifie l'opposant dans les colonnes du même journal. »Les affrontements tant redoutés n'auront pas lieu aujourd'hui », souffle Walfquotidien, comme un peu soulagé.
Il note également qu'en lieu et place d'un rassemblement pour l'investir, »Ousmane Sonko appelle ses partisans à une manifestation pacifique, notamment avec le port de brassards rouges et un concert de casseroles dans la soirée ». »Sonko recule en attendant », affiche Les Echos.
« Le calme avant la tempête », plutôt, peut-on lire en première page du quotidien l'Info, en citant en particulier un extrait de l'adresse de l'opposant à ses partisans : « Dans les jours à venir, on va déposer des autorisations de manifester dans les 46 départements du pays et dans la diaspora ».
« Et avec ou sans autorisation, on va manifester. Trop c'est trop ! La paix se fait à deux », ajoute le leader du parti Pastef - Patriotes du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité, qui a également tendu la main au camp du pouvoir, selon certains journaux dont Enquête.
»Jadis radical, il [Ousmane Sonko] lance un message de paix, reporte son investiture et décrète un concert de casseroles », souligne le quotidien L'Observateur, qui titre à ce sujet : »Sonko, l'homme cent visages ». Pour dire que l'opposant déroute et n'était pas attendu pour délivrer un message d'apaisement et celle volonté de « donner une chance à la paix ».
En lien avec la situation de Ousmane Sonko, plusieurs quotidiens rapportent que la justice sénégalaise a émis un mandat d'arrêt contre Juan Branco, avocat français de l'opposant sénégalais. »Branco, la cible à abattre », affiche par exemple le quotidien Enquête.
Selon ce journal, le parquet du Sénégal « a décidé +de l'ouverture d'une information judiciaire pour plusieurs faits qualifiés de crimes et délits+ », alors même que dans son pays, l'avocat français »est accusé d'avoir mis en danger deux fonctionnaires en poste à Dakar.
Il signale que Me Branco avait déposé une plainte en France et soumis une demande d'enquête à la Cour pénale internationale pour les évènements de juin, relatifs aux violences consécutives à la condamnation de Ousmane Sonko à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse ». Le bilan officiel de ces heurts fait état de 16 morts.
D'autres sujets politiques sont en exergue. Sud Quotidien revient sur la modification convenue du Code électorale, l'Assemblée nationale étant convoqués en session extraordinaire, lundi, et »en procédure d'urgence », pour examiner cette question. »Ce qui devrait permettre de rétablir les droits de vote de Karim Wade et Khalifa Sall pour la présidentielle de 2024 », indique Sud Quotidien.
Cette perspective permet au quotidien L'As de se projeter, d'ores et déjà, sur »Le quinté magique de l'opposition », pendant que le camp du pouvoir reste suspendu à la décision du président Sall qui a reçu le blanc-seing de sa coalition pour lui choisir un candidat après avoir lui-même renoncé à briguer un autre mandat en 2024.
Selon Le Quotidien, l'heureux élu ne sera connu qu'au retour de voyage du chef de l'État, qui « quitte Dakar ce matin pour un séjour d'environ quatre jours dans au moins trois pays d'Afrique de l'Est (Kenya, Rwanda et Ouganda) ».
»Ce qui laisse aux députés du pouvoir de voter dans le bon sens les textes agréés au cours du dialogue national », ajoute Le Quotidien, faisant référence aux modifications de la Constitution et du Code électoral qui permettraient à Karim Wade et Khalifa Sall d'être à nouveau éligibles à la prochaine présidentielle.
Le Soleil se veut loin de ces préoccupations. Le journal s'intéresse aux agressions du réseau de câbles de la Sénélec, la société nationale d'électricité. »Rien que pour le premier semestre de cette année, écrit-il, deux-cent-trente-neuf (239) coupures ont entraîné des pertes d'environ quatre-cent-cinq (405) millions de francs CFA ». »Un lourd préjudice matériel et financier », souligne le journal à sa une.