C'est la fin d'un feuilleton judiciaire dont RFI vous a déjà parlé : une maman soudanaise, réfugiée en France, avait saisi la justice après que le passeport de ses deux filles, bloquées dans leur pays en guerre, avaient été détruits lors de l'évacuation de l'ambassade de France.
La justice avait, dans un premier temps, ordonné au gouvernement de délivrer aux enfants des laissez-passer pour leur permettre de passer en Égypte et rejoindre leur mère, mais rien n'avait été fait pour délivrer ces laissez-passer au Soudan. Ce jeudi 13 juillet, le Conseil d'État, la plus haute juridiction administrative française, a tranché : la maman, qui demandait qu'un agent consulaire ou une ONG puisse traverser la frontière pour remettre en mains propres les documents de voyage, a été déboutée de sa demande.
Elle est donc aujourd'hui démunie, comme l'explique son avocate, Me Héloïse Cabot, jointe par RFI : « Elle avait quand même encore des espoirs d'une intervention de l'État français pour pallier aux carences et à la destruction des passeports de ses filles, par l'ambassade. Elle est donc complètement démunie et désarmée face à cette situation. On est extrêmement déçus parce qu'en réalité, on fait face à une volonté du ministère de l'Intérieur et du ministère des Affaires étrangères - qui n'est même pas cachée - de ne pas intervenir, alors qu'il y a des moyens qui nous semblaient tout à fait raisonnables à mettre en oeuvre pour aller chercher ses deux filles. Concrètement, cela nous questionne sur la rhétorique du ministère de l'Intérieur qui approche toujours la politique migratoire en criminalisant les passeurs, mais en réalité, là, la seule solution qu'on laisse à cette femme pour sortir ses deux filles, c'est de faire appel à des passeurs. Il n'y a plus d'autres solutions. En tout cas, l'État vient rappeler qu'il ne ferait rien, donc on reste sans solutions. »
Ajoutons enfin que l'avocate envisage désormais de porter l'affaire devant la Cour européenne des droits de l'homme, pour ce qu'elle considère comme des « atteintes graves à des droits protégés » par la Convention européenne des droits humains.
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