La Commission éthiopienne des droits de l'homme a publié son rapport annuel, mercredi 12 juillet, dans lequel elle salue quelques « développements positifs » mais déplore malgré tout un « espace civique » qui s'est réduit. Cette institution publique, mais dont les statuts prévoient l'indépendance, dénonce notamment des arrestations arbitraires, des cas de torture et de disparitions forcées.
Les violations les plus graves des droits humains en Éthiopie, ce sont toujours les « disparitions forcées ». Dans la capitale, Addis-Abeba, dans l'Oromiya ou l'Amhara, on peut être arrêté chez soi ou sur son lieu de travail, « sans décision judiciaire ou mandat d'arrêt », dit la Commission.
On est alors détenu au secret pendant plusieurs jours ou plusieurs mois, avant d'être finalement libéré ou transféré en prison. Quoique certains, souligne-t-elle, sont toujours portés disparus.
Cependant, les conditions de vie des détenus se sont généralement améliorées, dit la Commission, même si les « traitements inhumains et dégradants » sont toujours en quantité « non négligeable ». La Commission salue également « la paix relative » dans le Tigré et les préparatifs d'un processus de « justice transitionnelle ».
Pour le reste, le rapport demeure critique sur la multiplication des checkpoints et des couvre-feux, sur le harcèlement et les arrestations de journalistes, de militants politiques et aussi d'associatifs ainsi que sur le blocage des réseaux sociaux, tout cela étant, selon la Commission, « un rétrécissement de l'espace civique ».
Le rapport demeure également critique sur les violences contre les civils « un peu partout en Éthiopie » et par exemple dans le feu croisé de la rébellion et de l'armée, dans l'Oromiya, ainsi que dans l'Amhara, depuis l'annonce, en avril, de la dissolution des milices régionales.
Notez également qu'un collectif d'experts des Nations unies dont le rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme sur l'Érythrée, Mohamed Babiker, ont « condamné » jeudi 13 juillet, « l'expulsion sommaire » par l'Éthiopie, fin juin, de « centaines d'Érythréens » et lui ont demandé d'y mettre fin. D'après la Commission éthiopienne des droits de l'homme, ce sont pas moins de 200 Érythréens qui ont été rapatriés de force en Érythrée. L'agence éthiopienne des réfugiés a toutefois affirmé qu'ils n'étaient ni réfugiés ni demandeurs d'asile.