Congo-Brazzaville: Jeunesse - Journée mondiale des compétences des jeunes

« On fait comment ? » La question ne cesse de fuser dans la bouche d'une jeunesse congolaise aux abois. Alors « on se débrouille » pourrait en être la réponse. Jeune et compétent, deux mots qui semblent s'affronter en République du Congo.

« Compétence ? Ils ne savent pas écrire trois mots correctement quand ils sortent de l'école », rouspète Papa Frédéric, qui tient un petit cyber espace dans le quartier de Ngoyo à Pointe-Noire. Pourtant, en 2014, les Nations unies proclamait le 15 juillet la « Journée mondiale des compétences des jeunes » afin de célébrer l'importance stratégique de la transmission aux jeunes des compétences nécessaires à l'emploi, à l'obtention d'un travail décent et à l'entrepreneuriat.

Cette journée souligne à quel point enseignants, formateurs et éducateurs jouent un rôle essentiel pour transmettre à la jeunesse congolaise les compétences nécessaires afin qu'elle opère sa transition vers le marché du travail. Au Congo, le récent projet de développement des compétences pour l'employabilité (PDCE) doté de 25 millions de dollars et soutenu par la Banque mondiale, visant à former 10 000 jeunes vulnérables dans les zones urbaines de Brazzaville et de Pointe-Noire, est indicateur d'une volonté manifeste de se pencher sur cet épineux problème, il n'empêche que le sujet est prétexte à débat.

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Les « diplômés sans emploi » sont légion. Il faudrait en effet passer au peigne fin les racines d'un mal récurrent : l'absentéisme et le décrochage scolaire, les salaires peu valorisants des enseignants, l'orientation parfois déficiente, le coût des études, les formations professionnelles parfois inadéquates et non qualifiantes, les stages non rémunérés, le chômage endémique et le sous-emploi...

Une génération sacrifiée sur l'autel d'une fragile situation économique du Congo Brazzaville ? Maryse, 28 ans, Ponténégrine et jeune maman d'un enfant scolarisé en CM2, n'hésite pas à déclarer : « Ca commence dès l'école primaire, les inscriptions, les livres, les cahiers, les fournitures scolaires, la cantine. Je fais comment pour trouver tout l'argent pour ma fille ? Moi, j'ai du abandonné mes études après mon bac, je n'avais pas les moyens de les poursuivre à l'université. Ca coûte trop cher. J'ai quelles compétences ? Je travaille dans une boulangerie de quartier où je gagne 60 000 par mois ».

André, stagiaire dans un cabinet de comptabilité, est encore plus amer : « Je vais de stages en stages, on me paie juste les transports. Je suis soit disant trop jeune alors je n'arrive pas à obtenir un poste fixe car on me demande de l'expérience malgré mon BTS en comptabilité ». La réponse de Natacha est encore plus cinglante : « La compétence des jeunes ? Il faudrait déjà des adultes compétents pour nous encadrer ! » Aie ! La suite est souvent une quête désespérée entre économie informelle ou entrepreneuriat voué en partie à l'échec. « Entreprendre, je veux bien.

Combien de jeunes peuvent le faire ? Il faut un peu de moyens pour ça », poursuit Natacha, bac plus 4 en poche et retranchée sur le trottoir dans sa petite cabine agréée par un opérateur téléphonique. Pour Maryse, André, Natacha et nombre de jeunes, l'avenir peine à trouver sa place dans leur vocabulaire. Que cette journée mondiale de la compétence des jeunes puisse éclairer un possible horizon pour la jeunesse congolaise restée à quai.

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