« Baara » est une fresque malienne qui peint certains vices de l'époque, qui d'ailleurs perdurent aujourd'hui.
Le long-métrage de Cissé Souleymane, l'un des pionniers du cinéma malien, s'articule sur la corruption, la violence, l'infidélité et la pauvreté. En effet, l'oeuvre raconte l'histoire d'un jeune homme qui se retrouve dans les tensions politiques et économiques croissantes de l'Afrique urbaine. Balla Diarra est ouvrier dans la capitale Bamako. Il survit difficilement avec son petit revenu de porteur de bagages. Un jour, il sympathise avec un jeune ingénieur, Balla Traoré. Celui-ci le prend sous son aile, l'aide dans ses démêlés avec la police et lui fait abandonner le monde des marginaux pour entrer à l'usine.
Dans ce nouveau monde que Balla Diarra croyait trouver son bonheur, les cadences sont infernales et le travail pénible. A cela s'ajoutent les humeurs grossières d'un PDG, Makan Sissoko, égoïste et préoccupé uniquement par sa position sociale et le désir de jouir des privilèges au sein de l'entreprise. De par son rang d'ingénieur, Balla Traoré décide d'organiser une réunion avec les ouvriers dans l'objectif d'amélioration possible de leurs conditions de travail. Prévenu par ses coéquipiers, Makan Sissoko fait enlever et assassiner l'ingénieur. Homme sans vergogne, quand il apprend également que son épouse lui est infidèle, il décide de mettre fin à ses jours. Heureusement que la police parvint à lui mettre la main dessus.
Bien que sorti en 1978, « Baara » demeure d'actualité. Après la mort de son ami tué par le PDG de l'usine, Balla se retrouve de plus en plus face à la violence. A travers cette intrigue, Cissé Souleymane présente une jeunesse désorientée faute de repères. Le poids du chômage, de la pauvreté, du statut social, de la corruption... autant de maux qui tuent des talents et des destinées en Afrique.
Avec une jeunesse représentant plus de la moitié de sa population, le continent devrait, en réalité, jouir du potentiel de cette main d'oeuvre. Pourtant ce n'est pas toujours le cas. Un mal qui, en paralèlle, contribue à accentuer l'immigration. Dans son palmarès, « Baara » a déjà été sélectionné dans plusieurs festivals et remporté plusieurs prix, à savoir le Grand prix « Etalon de Yennenga » au Fespaco en 1979.