Madagascar: Anosimasina, l'un des sept ilots de l'Onive

L'Onive qui coule au pied du Rova de Tsinjoarivo, l'encercle à l'ouest et au sud avant de poursuivre son chemin vers l'Est. La rivière rejoint le fleuve Mangoro, dont elle est l'affluent, près de Moramanga (route de Toamasina).

Dans la région de Tsinjoarivo, plus précisément à partir d'Ambatomainty en amont, elle est constellée de sept ilots (quatre à l'ouest du Rova, trois à l'est) dont les plus connus sont le Nosin-dRamahatra et le Nosin-dRamonja. Le septième est Anosimasina, au pied de Vohitrarivo. Beaucoup de mystères planent autour de ce dernier ilot et les dires des villageois qui se basent sur la tradition orale, diffèrent concernant le tombeau tout en pierres construit sur la butte qui le surplombe. En tout cas, du fait même de son nom, Anosimasina, il est certain qu'il s'agit de gens de caste noble (Andriana).

Il est également sûr qu'il s'agit de soeurs. Des connaisseurs varient sur le nombre de corps qui y sont ensevelis. Les uns parlent de sept soeurs (sept comme les ilots), certains de trois, d'autres encore indiquent le chiffre huit. C'est ce dernier nombre qui est admis par la majorité des natifs de la zone. Ils ignorent cependant « qui elles étaient et dans quelles circonstances elles étaient mortes ». Un seul d'entre eux évoque un seigneur, « celui qui avait résidé à Vohitrarivo avant d'emménager sur la colline voisine, Manjaka, à l'arrivée de la reine Ranavalona Ire ».

En réalité, une autre tombe se trouve à l'est du premier tombeau où serait enseveli le père des huit jeunes princesses. Mais rien ne prouve que c'est l'ancien seigneur de Vohitrarivo. Des trépieds en pierre de foyer sont encore visibles. Ils semblent indiquer que jadis, l'ilot a été habité car ils traduisent les soirées au clair de lune «Takariva amorom-patana » durant lesquelles différentes activités se tiennent.

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Les adultes éduquent les enfants à travers des contes ou discutent sur un sujet plus ou moins important qui touche la vie communautaire. À moins qu'ils ne s'amusent en improvisant des discours, usant de proverbes et de hain-teny (genre littéraire poétique) des plus expressifs. De leur côté, les jeunes gens rivalisent dans les hain-teny de leur crû par lesquels ils déclarent leur flamme aux jeunes filles.

Celles-ci, pour leur part, chantent, dansent... Activités qui se font simultanément ou non. Un sentier aujourd'hui enfoui sous les broussailles mène au tombeau, du moins en 2009. Celui-ci est d'ailleurs sévèrement protégé par la végétation. Ce qui laisse sous-entendre que plus personne ne monte jusqu'au sommet de la colline pour apporter des offrandes. Selon le même connaisseur, cette désaffection qui dure depuis quinze ans à l'époque, s'expliquerait par le fait que des jets de pierre venus de nulle part auraient bloqués l'accès du sommet.

Ce qui n'est pas prouvé car il est évident que le manque d'entretien en est l'origine. La tradition orale affirme aussi que quiconque exprime à haute voix sa crainte de violer ce sanctuaire végétal, ne découvrira jamais le tombeau des huit soeurs. Seuls des oiseaux blancs, sorte d'aigrettes, y ont accès pour passer leurs nuits au sommet des arbres. Les sacrifices de coq rouge se font désormais au pied de la butte.

Les paysans qui cultivent sur l'ilot, font le rituel pour demander une meilleure production et, sur Vohitrarivo, la protection contre les grêles. La pêche, surtout aux anguilles, y est aussi réputée. Et dès que Ranavalona ressent l'envie d'en manger, même lorsqu'elle réside dans sa capitale, elle en commande. D'après la tradition orale, un jour l'ordre de lui procurer une anguille parvient aux pêcheurs de Tsinjoarivo.

Comme de coutume, ceux-ci choisissent la plus grosse pour la lui envoyer de toute urgence. Ce que voyant la Reine récompense les émissaires avant de les congédier. Mais quand les cuisinières commencent à préparer l'anguille, elles découvrent dans son ventre une tête de chat sauvage. Avertie, la Reine entre dans une colère folle, car pour elle, c'est lui jeter un mauvais sort.

Elle envoie des soldats à la poursuite des émissaires des pêcheurs pour les décapiter. Toutefois, un de ses conseillers apprenant l'incident, lui explique aussitôt que généralement, les chats sauvages rôdent la nuit au bord de l'eau pour pêcher. L'un d'eux a dû être happé par une anguille qui a tout digéré sauf la tête. La Reine envoie de nouveau des soldats pour annuler l'ordre donné précédemment, mais il est trop tard. Sa violente réaction choque la population de Tsinjoarivo qui s'en souvient très longtemps.

C'est pourquoi, dit-on, « certains habitants dénonçaient les nationalistes Menalamba aux pacificateurs français pour accélérer la chute de la monarchie et être libérés de l'esclavage et de l'injustice. Nationalistes qui, sans cette dénonciation, n'auraient jamais été vaincus à Tsinjoarivo. »

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