En Tunisie, le sort des migrants subsahariens reste toujours incertain. Après les violentes expulsions de Sfax, certains vivent encore dans la rue. D'autres, qui avaient été transportés de force dans le désert, ont été pris en charge par l'association du Croissant rouge tunisien. Mais le discours politique reste peu apaisant. Le 14 juillet, le président Saïed a présidé un conseil de sécurité où il a insisté sur le fait que les migrants étaient attirés de force en Tunisie par des gangs criminels, assurant que des sommes d'argent importantes avaient transité dans des transferts monétaires pour financer ces réseaux.
Depuis le début de la semaine, le Croissant rouge tunisien est le seul organisme humanitaire à avoir pu accéder aux zones frontalières tuniso-libyennes et algériennes, où avaient été transportés de force des centaines de migrants et où ces derniers ont été livrés à eux-mêmes. Le président du Croissant rouge tunisien, Abdellatif Chabou, fait le point sur la situation pour les 650 migrants récupérés à la frontière libyenne :
« On a évalué leur état de santé, leur nombre, le soutien psychologique. On a ramené des médicaments, des vivres, de l'eau, des vêtements, du lait pour les bébés. Et en discutant avec eux, on a trouvé qu'il y avait déjà dimanche dernier un groupe de 250 personnes qui ont manifesté le désir de retourner chez eux. »
Dans le cas de retour volontaire, les migrants doivent s'inscrire auprès de l'Organisation internationale pour les migrations. Pour le chargé de communication du Forum des droits économiques et sociaux, Romdhane Ben Amor, il ne s'agit pas forcément d'une solution à la crise migratoire dans le pays :
« Le contexte actuel, c'est aussi de pousser les migrants à accepter le retour volontaire, c'est-à- dire mettre les migrants dans une situation précaire, une situation inhumaine pour les obliger à ce que la seule revendication sera le retour dit volontaire. »
La situation est encore précaire pour des centaines de migrants. Le Croissant rouge dit s'occuper des repas de 1 600 personnes dans la ville de Sfax, où il y aurait également 560 Soudanais qui vivent dans la rue. On compterait 350 migrants qui ont pu regagner des villages à la frontière algérienne, soutenus par la population.