Au Tchad, environ 80% des femmes souffrant de fistules obstétricales sont rejetées. Car cette maladie, une des conséquences les plus graves d'un accouchement compliqué, peut provoquer incontinence et odeurs. Et les femmes malades sont parfois humiliées et stigmatisées. À Ndjamena, le centre national de traitement des fistules leur propose une prise en charge gratuite et les aide à surmonter l'exclusion.
Nous sommes au centre de traitement des fistules dans le 6e arrondissement de Ndjamena, où de nombreuses femmes souffrant de fistules sont prises en charge gratuitement. Le docteur Aché Haroun en est la responsable. « La fistule n'est pas une maladie. C'est un accident qui arrive à la femme au cours de l'accouchement. (...) On opère de trois à quatre patientes par semaine, parfois même six », explique-t-elle.
La fistule obstétricale provoque chez les femmes et les jeunes filles des fuites urinaires et/ou de matières fécales. Elle entraîne le plus souvent des problèmes médicaux chroniques et une marginalisation sociale. La plupart de celles qui en souffrent sont rejetées par leur entourage. Une situation très difficile à vivre au quotidien, comme le confie une patiente :
« C'est à Mao que j'ai accouché. Mais quelques jours après, j'ai senti que quelque chose n'allait pas en moi. Je me suis présentée à l'hôpital de la mère et de l'enfant ici, à N'Djamena. C'est là-bas que le médecin m'a dit ce dont je souffrais. Cela fait déjà trois mois. Actuellement, c'est ma grande soeur qui s'occupe de moi, puisque mon mari m'a abandonné depuis que je suis malade. »
Le centre national de traitement des fistules propose une pris en charge gratuite. Mais il fait face à des difficultés d'ordre technique et financier.