Au Tchad, les magistrats, en grève depuis plusieurs semaines pour réclamer notamment de meilleures conditions de travail, ont refusé de le reprendre malgré un arrêté du ministre de la Justice ordonnant leur réquisition. Un texte qu'Abdoulaye Bono Kono, vice-président du syndicat des magistrats, qualifie « d'incorrect, vicieux, entaché d'erreurs ».
Au Tchad, les magistrats observent depuis quelques semaines une grève sur toute l'étendue du territoire pour demander de meilleures conditions de travail, mais aussi pour dénoncer le projet de nouvelle Constitution qui ne garantit pas, selon eux, l'indépendance du pouvoir judiciaire.
Mais le 10 juillet 2023, un arrêté du ministre de la Justice a ordonné leur réquisition pour assurer le service. Une décision rejetée par les magistrats qui ont refusé d'exécuter la réquisition, comme l'explique le vice-président du syndicat des magistrats, Abdoulaye Bono Kono.
« Nous ne sommes pas allés en grève de gaieté de coeur »
« On a trouvé qu'il n'y a pas de bonne foi, affirme-t-il au micro de notre correspondant à Ndjamena, Olivier Monodji. Il y a une situation qui est venue s'ajouter à ces revendications-là : c'est la question du Conseil supérieur de la magistrature. Le projet de loi qui a été présenté aux conseillers nationaux, qui l'ont voté et adopté. On dit Conseil supérieur de la magistrature et non Conseil supérieur de la justice, ou autre chose. Et donc, nous avons boudé et le gouvernement a compris. Mais une autre question reste, parce que le président du Conseil supérieur de la magistrature sera désigné par le Président de la République, et non élu par ses pairs, ce que nous avons exigé. »
Abdoulaye Bono Kono poursuit : « Aujourd'hui, ils se contentent de réquisitionner les magistrats alors que les dispositions de l'article 37 de l'ordonnance 7, portant sur l'organisation du fonctionnement du corps de la magistrature, disent clairement que les magistrats ne peuvent, en-dehors de leurs fonctions, être requis pour d'autres services que le service militaire. »
Il conclut : « Malgré le fait que cet arrêté est incorrect, vicieux, entaché d'erreurs, il fallait plutôt penser à réquisitionner des magistrats nommément. Nous avons boudé cet arrêté parce que nous ne sommes pas allés en grève par de gaieté de coeur. Nous ne sommes pas allés en grève pour aller en grève. »