Constituant le présent et le futur comme 70% de la population sénégalaise, malgré ses propres aspirations et sa propre vision, la jeunesse sénégalaise traine toujours des tares dans l'effort de construction du Sénégal. Invité de l'émission Objection de ce dimanche 16 juillet, sur les ondes de la radio Sud FM (privée), Seydina Mouhamadou Ndiaye, acteur sociopolitique et entrepreneur social, analyse cette situation sur deux aspects, notamment l'éducation et l'identité.
« Je pense qu'aujourd'hui, on en est arrivé là, parce que, c'est mon avis à moi, on a un peu négligé la croissance démographique sur le segment de la jeunesse. On a un peu négligé les opportunités et les outils dont on a besoin quand on est un jeune. Parce qu'être jeune, c'est un parcours avec plusieurs tranches d'âges. Durant tout ce parcours là, il y a tout un tas de dispositifs dont on a besoin pour continuer notre apprentissage afin de pouvoir arriver à maturation pour pouvoir servir la nation, mais également servir la communauté et surtout servir pour la satisfaction personnelle », a estimé Seydina Mouhamadou Ndiaye, acteur socio politique, qui était l'invité de l'émission Objection de ce dimanche 16 juillet 2023. Et de relever quelques manquements : « Nous, de par les différentes observations que l'on fait, on se rend compte que durant tout ce parcours, il y a des manquements. Il y a des manquements sur le plan public. Il y a des manquements sur le plan de la vie associative... ».
Auteur de deux études dont l'une faite dans dix régions en 2019, le co-fondateur du Consortium "Jeunesse Sénégal" révèle que sur « près de 200 jeunes interviewés dans chaque région et aujourd'hui, quand on a collecté les données, les trois principaux résultats qu'on a eus, c'est la difficulté d'accès à l'information. » « Aujourd'hui, quand on est jeune, on a du mal à avoir accès à l'information. Ça pose problème parce que déjà, on a du mal à avoir accès dans la langue française, mais aussi on a du mal à avoir l'information quand on ne parle pas français. Parce que l'information, elle est principalement distillée en français. Cela te dit que le taux d'abandon est fort, mais aussi l'insertion au niveau de la langue aujourd'hui, constitue un facteur bloquant », a-t-il expliqué. Il s'y ajoute l'état civil qui est, selon lui, un problème de scolarisation et administratif.
Outre l'aspect éducation, l'entrepreneur social évoque également des problèmes identitaires. Et de souligner : « Il y a l'aspect identitaire parce qu'on a notre réalité culturelle, nos us et coutumes en tant que sénégalais. On a ce qu'on apprend à l'école en termes de culture générale qui est assez globalisation et aussi on a l'arrivée du cyberespace où encore était dénaturée la question des frontières, parce qu'on a accès à tout, tout en étant chez-nous. » D'après M. Ndiaye, « Cela fait qu'aujourd'hui, le jeune qui grandit a du mal à cerner son identité à travers cette variable d'identité. Il y a enfin l'avenir. Aujourd'hui, en tant que jeune, quelles sont les possibilités qui s'offrent à nous ? Parce que même nous, notre futur est questionné, sur la question du sol, sur la question de la projection en termes de vie familiale, sur la question de notre identité et de notre statut en tant que notables dans le présent et dans le futur au sein de la communauté» ; a-t-il dit.