La Russie dénonce le non respect de certaines clauses de l'accord céréalier et se dit prête à y revenir immédiatement quand les conditions seront remplies.
C'est le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, qui a annoncé officiellement ce lundi la fin de cet accord céréalier, ajoutant que Moscou reviendrait à l'accord si certaines de ses demandes étaient acceptées, en particulier le retour au système d'échanges bancaires international Swift. Vendredi déjà, Vladimir Poutine avait donné le ton.
"En ce qui concerne les conditions dans lesquelles nous avons accepté d'assurer la sécurité de l'exportation des céréales ukrainiennes, il y avait des clauses de cet accord avec l'Onu, selon lesquelles les intérêts russes devaient être pris en compte : il s'agit de la logistique, de l'assurance, des mouvements d'argent liés au paiement de nos produits. Rien, je tiens à le souligner, rien n'a été fait. Tout se joue à sens unique. Il n'y a pas un seul point, lié au fait qu'il y a des intérêts de la Fédération de Russie, qui aient été respectés" , avait estimé le président russe.
Qualifié de "lueur d'espoir" par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, l'accord sur les céréales, conclu entre l'Ukraine et la Russie, est donc pour l'instant suspendu.
Un accord important
Un accord pourtant important, surtout pour les pays d'Afrique et du Moyen-Orient confrontés à l'insécurité alimentaire.
L'Ukraine est l'un des principaux fournisseurs de céréales au monde. Plus de 400 millions de personnes en dépendent, selon le Programme alimentaire mondial.
Si la Russie n'accepte pas de prolonger l'accord, il n'est pas certain que l'Ukraine continue à exporter les mêmes quantités de céréales, notamment vers l'Afrique, dans des pays comme le Kenya, l'Ethiopie ou le Cameroun notamment.
Le coût élevé de l'assurance des navires pourrait constituer un problème majeur. Les compagnies maritimes devraient hésiter à envoyer leurs navires près de la zone de guerre s'il n'y a pas d'approbation de la part de la Russie.
L'accord réglemente les exportations de céréales à partir des ports ukrainiens d'Odessa, de Chornomorsk et de Pivdenny, situés sur la mer Noire.
Les navires doivent traverser la mer Noire le long d'un corridor maritime humanitaire en direction d'Istanbul.
Les navires à destination et en provenance des ports ukrainiens étaient contrôlés dans une base contrôlée par la Turquie par une équipe spéciale d'inspecteurs russes, turcs, ukrainiens et de l'Onu.
Réactions dans le monde
Parmi les réactions à cette suspension, il y a notamment celle de l'Allemagne qui "appelle la Russie à rendre possible la prolongation de cet accord."
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a "fermement" condamné la décision "cynique" de Moscou qui a annoncé lundi la fin "de facto" de l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes, crucial pour l'alimentation mondiale.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est dit convaincu lundi que son homologue russe Vladimir Poutine voulait "poursuivre l'accord" sur les céréales ukrainiennes, malgré les dernières annonces de Moscou dans le sens contraire.
L'accord signé à Istanbul en juillet 2022 a déjà été prolongé deux fois ; il permet à l'Ukraine d'exporter des céréales via la mer Noire. L'année dernière, près de 33 millions de tonnes de céréales ont ainsi été exportées depuis les ports ukrainiens.
Moscou avait déjà menacé depuis plusieurs semaines de mettre fin à l'accord.