Ile Maurice: Échouement du «Tresta Star» - Les autorités mauriciennes épinglées

Le Bureau d'enquêtes sur les événements de mer (BEAmer), dans ses conclusions sur l'échouement du pétrolier-ravitailleur, Tresta Star qui s'est encastré dans les roches volcaniques du Tremblet, à la limite du parc national de La Réunion, classé au patrimoine national de l'UNESCO, n'a pas épargné les autorités mauriciennes dans son rapport.

Le Port, le Maritime Rescue Coordination Centre (MRCC Maurice) et le Police Helicopter Squadron (PHS) en prennent tous pour leur grade dans le rapport publié sur l'échouement du Tresta Star par le BEAmer, même si l'objectif de l'analyse n'est pas d'entamer des poursuites pénales ou civiles mais pour «améliorer la sécurité maritime et la prévention de la pollution par les navires et d'en tirer des enseignements susceptibles de prévenir de futurs sinistres du même type».

Le rapport indique que le MRCC Maurice n'a pas répondu «à leurs sollicitations et il n'a pas été possible d'avoir accès aux enregistrements des communications du MRCC Maurice et de la capitainerie de Port-Louis». Il n'a pas été possible de vérifier les contacts du navire avant son message de détresse par Inmarsat-C. BEAmer fait ressortir que de 10 heures à 11 h 40, le jeudi 3 février 2022, alors que le Tresta Star dérive vers La Réunion, aucune communication ne pourra être établie avec le MRCC Maurice. À 18 h 30, une demande pour connaître la disponibilité d'hélicoptères du PHS est faite via le MRCC, qui, incapable de répondre, demande qu'une requête soit adressée par courrier électronique.

%

Comme le Tresta Star bat pavillon mauricien, les titres de sécurité et de prévention de la pollution sont délivrés au nom de l'État mauricien et le pétrolier n'est autorisé à naviguer que dans les limites du port, en eaux abritées à proximité de la côte. Son équipement, son matériel de sécurité et ses cartes de navigation sont prévus pour une navigation devant Port-Louis. Pour le BEAmer, un navire limité à une navigation en eau portuaire ne devrait pas être contraint de prendre le large sans que l'administration ne soit consultée et n'ait accepté, sous réserve de possibles conditions, l'extension de ses limites de navigation.

Or note le rapport, le Port demande à tous les navires de s'éloigner du port. «Qu'ils soient ou non conçus ou autorisés à naviguer hors des eaux abritées, l'autorité portuaire de Port-Louis demande à tous les navires qui ne sont pas en avarie de quitter sa zone de compétence lorsqu'un cyclone arrive. Et, par la force de l'habitude, les navires portuaires sortent de leur limite de navigation sans toujours demander à leur administration s'ils y sont autorisés.» Le rapport de BEAmer recommande donc que le Port étudie «les mesures de réglementation portuaire à prendre en cas de cyclone pour les navires non autorisés à naviguer en haute mer».

Réagissant au rapport de BEAmer, l'expert maritime Alain Malherbe est très critique envers les autorités mauriciennes. «Ce rapport vient mettre encore une fois en exergue l'incapacité de Maurice à gérer le trafic maritime autour du pays. C'est damning contre le gouvernement». Le député du Parti travailliste (PTr), Fabrice David, abonde dans le même sens.

Il fait ressortir que ce rapport «confirme les faiblesses et les défaillances des autorités mauriciennes dans la gestion des affaires maritimes du pays alors que nous sommes supposés être un État-océan». À la lumière de ce rapport, le parlementaire a adressé une question parlementaire pour la séance de demain, au ministre des Affaires maritimes, Sudheer Mudhoo : «Ce navire, qui a été construit pour naviguer en zone portuaire, avait-il reçu une autorisation de son ministère pour quitter les eaux portuaires et prendre le large ?»

Alain Malherbe explique que le Tresta Star n'était pas autorisé par le Director of Shipping à quitter les limites portuaires. «Il doit rester à 5 milles nautiques de l'entrée du port. Dans le passé, les pétroliers Elise et Emily ont été amarrés à quai. C'est à 100 % une négligence. (...) Pourquoi avoir refusé de donner des informations à BEAmer ?» L'expert maritime compare la vitesse à laquelle le BEAmer a publié son enquête après plus d'une année, alors qu'ironiquement, fait-il ressortir, les rapports sur le MV Wakashio (NdlR, trois ans déjà) et les quatre autres accidents maritimes qui ont suivi, sont toujours attendus.

«Ce sont les conclusions de leur rapport. How to draw the line?», réagit-on du côté du Port. Selon un préposé, le Port a ses propres procédures d'opération régies sous la Ports Act. «Au moment d'une alerte cyclonique niveau 2, tous les navires qui représentent un danger pour le port, doivent aller au large. Le Tresta Star est un pétrolier. Raison pour laquelle il doit quitter le port.»

Selon lui, c'est la responsabilité du capitaine de décider quand quitter la zone portuaire, à quelle vitesse et où se réfugier. «Notre responsabilité est de nous assurer que la zone portuaire et la côte sont bien protégées.» Le Tresta Star doit-il uniquement naviguer dans le port ? «Il a fait le voyage de l'Inde en dix jours. C'est faux de dire qu'il était conçu pour ne naviguer que dans le port.»

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.