Maintes fois programmée et reportée, la visite du président congolais, Félix Tshisekedi, à N'Djamena, a finalement eu lieu. En effet, ce dernier a finalement foulé le sol tchadien le 17 juillet dernier.
Pendant son séjour, le facilitateur mandaté de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) devra, tour à tour, rencontrer le président de la transition, Mahamat Idriss Deby, les leaders des partis politiques ainsi que des Organisations de la société civile (OSC) et le corps diplomatique accrédité dans la capitale tchadienne.
L'objectif est « d'apaiser, de faire baisser les tensions afin d'aboutir à une fin de transition et des élections réussies » au Tchad. Y parviendra-t-il? On attend de voir. Mais, d'ores et déjà, on peut féliciter les autorités tchadiennes qui, depuis quelque temps, multiplient les gestes d'apaisement ; en témoigne la récente grâce présidentielle accordée à une centaine de personnes jugées et condamnées après les manifestations du 20 octobre 2022, intervenue quelques heures seulement avant l'arrivée du médiateur congolais.
Peu avant, le président Mahamat Idriss Déby, dans son adresse à la Nation à l'occasion de la Tabaski, avait tendu la main à ses adversaires, en l'occurrence Succès Masra et Me Max Loalngar qu'il invitait à rentrer au bercail pour participer, disait-il, à l'oeuvre de reconstruction du Tchad.
Et cerise sur le gâteau, il n'avait pas non plus hésité à accorder la grâce présidentielle à des rebelles du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT) dont on dit qu'il a été à l'origine de la mort de son père dans les conditions que l'on sait.
Il faut du temps au médiateur pour espérer aplanir les divergences
C'est tout à son honneur même si d'aucuns estiment qu'il en faut plus pour une véritable réconciliation au Tchad. C'est le cas, par exemple, de Succès Masra, qui réclame une « offre de réconciliation nationale dans la justice et légalité ».
En réaction, les autorités, tout en parlant « d'exigences irréalistes et irréalisables », appellent le fondateur du parti Les Transformateurs, à « prendre le train en marche ». Le facilitateur Félix Tshisekédi saura-t-il amarrer le train de la réconciliation afin qu'embringuent tous ceux qui, pour une raison ou pour une autre, n'avaient pas pu embarquer ?
C'est tout le mal qu'on lui souhaite afin que le Tchad dont l'histoire, on le sait, s'est toujours écrite en lettres de sang, puisse tourner la page et s'engager résolument sur la voie du développement. Mais pour y parvenir, il faudra du tact et de l'entregent au médiateur congolais qui, malheureusement, semble plus préoccupé par sa réélection que par tout autre chose.
Or, les positions des uns et des autres sont si tranchées qu'il faut du temps au médiateur pour espérer aplanir les divergences. Et du temps, c'est ce qui manque le plus à Félix Tshisekedi qui, face aux poids lourds qui sortent du bois, est conscient que sa réélection est très loin d'être pliée d'avance.