L'annonce a été faite par le cabinet royal à Rabat, ce lundi 17 juillet, en fin de journée, puis confirmée par l'État hébreu dans la soirée. C'est dans une lettre adressée au roi Mohammed VI et dont les principaux points ont été diffusés, que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a officialisé cette décision diplomatique, trois ans donc, après la normalisation des relations entre les deux pays.
C'est via les réseaux sociaux que la diplomatie marocaine a officialisé l'information : « Sa majesté Mohammed VI a reçu une lettre du Premier ministre Benyamin Netanyahu qui a porté à la très haute attention du roi, la décision de l'État d'Israël de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara occidental ».
Il est ensuite indiqué que cette nouvelle position diplomatique de l'État hébreu sera « reflétée dans tous les actes du gouvernement israélien et transmise aux Nations unies », ainsi qu'aux organisations régionales et internationales dont l'État hébreu est membre. Cette mise à jour juridique sera accompagnée par des avancées diplomatiques. De même, « Israël examine positivement l'ouverture d'un consulat dans la ville de Dakhla », située au sud-ouest du territoire du Sahara occidental.
À Jérusalem, ces informations ont été confirmées oralement par le bureau de Benyamin Netanyahu. Le ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen, a salué cette décision : « Cette mesure va consolider les relations entre les Etats et les peuples ».
C'est en décembre 2020, dans le cadre des accords d'Abraham négociés par le président Donald Trump que les relations entre Israël et le Maroc se sont officiellement normalisées. Depuis, les coopérations dans les domaines militaire, économique et touristique se multiplient. Quelques heures avant l'annonce de la reconnaissance, Israël a d'ailleurs nommé un attaché militaire au Maroc, une première qui implique une permanence militaire israélienne sur le sol marocain. Un haut responsable diplomatique du royaume a déclaré à RFI que cette reconnaissance est « la confirmation de la dynamique positive de ces dernières années entre les deux États », rapporte notre correspondante à Rabat, Nadia Ben Mahfoudh.
Un rapprochement qui inquiète la population marocaine. Selon un sondage publié en 2022 par le réseau de recherche non partisan Arab Barometer, 31% des Marocains sont favorables à la normalisation avec l'État d'Israël.
Qu'est-ce qui a finalement décidé les Israéliens à passer à l'acte ?
Le processus de rapprochement entre Israël et le Maroc est amorcé en 2020. Il aura donc fallu presque trois ans aux Marocains, pour obtenir des Israéliens le soutien qu'ils attendent de tous leurs alliés : une reconnaissance pleine et entière de leur souveraineté sur le Sahara occidental, rappelle notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa.
Ces dernières années, Israël a multiplié les gestes de bonne volonté envers le Maroc. Des hauts responsables israéliens : ministres, officiers de l'armée ont régulièrement visité le royaume, mais il restait cette question sensible de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
Qu'est-ce qui a finalement décidé les Israéliens à passer à l'acte ? Les derniers mois ont été marqués par un léger froid dans les relations entre l'État hébreu et le royaume chérifien. Rabat n'a pas hésité récemment à condamner la colonisation, la répression et les violences israéliennes contre les Palestiniens.
Le Maroc, qui devait également accueillir sur son territoire, en juin, le Forum du Néguev - un sommet regroupant les États-Unis, Israël et certains pays arabes - a finalement renoncé à ce projet, affichant une certaine volonté de prendre ses distances avec le gouvernement israélien, issu de l'extrême droite.
C'était sans compter sur Benyamin Netanyahu et ses manoeuvres diplomatiques. Avec cette décision de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, le Premier ministre israélien peut désormais compter sur un soutien indéfectible de Rabat.